La poésie portée
par les vagues.
La poésie, la musique et la mer font, on le sait, bon ménage. Écouter de la
musique ou lire de la poésie en
regardant les vagues, c´est peut-être fort poétique. Mais plus poétique encore
c´est de mettre en musique des mots qui dansent au gré du ressac de la mer.
C´est ce que vient de faire avec un
extraordinaire savoir-faire Philippe Despeysses dans son dernier et admirable
livre de poésie Comme les restes d´une vague.
Philippe Despeysses ne défraie pas d´ordinaire la chronique dans les
gazettes littéraires françaises et pourtant l´histoire de la poésie se décline
aussi aux couleurs du silence, le silence de ceux qui petit à petit, en marge
des grands éditeurs et loin des cercles parisiens- ou peut-être devrait-on dire
parisianistes-, construisent une œuvre cohérente et authentique.
Philippe Despeysses est né en France dans les années cinquante, mais vit à
Lisbonne depuis 2007 où il exerce une activité d´écrivain, de poète et de
journaliste. Il est l´auteur de nombreux volumes de poésies dont Carnets de
l´instant, une ballade poétique dans la ville de Lisbonne qui a reçu le prix
littéraire de l´Association Française des Journalistes et Écrivains de Tourisme,
en 2011.
Ce n´est peut-être pas un hasard que Philippe Despeysses eût élu domicile
dans la capitale portugaise, une ville gorgée de soleil et tournée vers le
Tage, magnifique fleuve, lieu de mémoire où l´on peut respirer les effluves africains et brésiliens que le vent emporte jusqu´aux faubourgs les
plus populaires ou aux banlieues où le fado, la morna cap –verdienne et le
samba dansent joyeusement. Une Lisbonne
pure puisque paradoxalement métissée et
vierge de la rigueur hautaine des villes
du Nord. Mais ce n´est pas qu´à Lisbonne que l´auteur a puisé son inspiration.
On nous l´explique d´ailleurs dans la quatrième de couverture : «Ces
écritures poétiques sont le fruit de chaque semaine, pendant une année, de
marches, haltes, pauses, baignades…le long de l´Océan Atlantique de la côté
portugaise, entre le nord de Lisbonne jusqu´à Porto et La Galice en Espagne et
le sud de Lisbonne jusqu´à la pointe de Sagres, face au Maroc.»
Dans cet itinéraire poétique, nous risquons de croiser des fantômes, ou
peut-être pas, comme nous le rappelle l´auteur : «La mer sans blessure/on
s´y brûlerait les yeux/tous ces gens fissurés/tout autour…/savent-ils un
secret ?/cherchent-ils une paix minérale/alors que le sol grouille/d´une
vie invisible ?/Et s´ils n´étaient que des fantômes ?»(page 6).
La mer, omniprésente, est peut-être un miroir de nos vies parce que« du
fond de nos miroirs/ tels d´autres corps qui naviguent,/nous écrivons la future
mémoire/des lieux lointains, des tropiques.»(page 7).Mais la mer est-elle bien
réelle ? Le poète ne peut s´empêcher de nous avouer à la page 12 que la
mer est bien réelle mais qu´il la voit toujours d´un point de vue imaginaire.
Néanmoins, on doit se laisser prendre par le souffle qui pousse nos
corps : «Marcher toujours devant/laisser la brise douce/envahir
l´espace/écouter son corps/comme un coquillage» (page 20).
Dans ce voyage féerique-ou est-il bien réel ?-mené de main de maître
par Philippe Despeysses, vous croiserez de petits bateaux, des visages fouettés
par le vent, des caresses de femmes, des plages à chaque coin, des lumières
pures, des arbres morts sur la grève, des silences qui résonnent et quelque
part un magnifique dialogue, sous forme d´hommage, avec Sophia de Mello Breyner Andresen, qui
peut être lu horizontalement et verticalement. Tout ceci parce que, de l´aveu
même du poète, on fait des poèmes avec des vers que nous jetterons contre le
miroir de la mer afin qu´il se brise.
Ne vous laissez pas enivrer, chers
lecteurs, par l´enthousiasme qui perce dans ce texte. Il n´est qu´un hors-d´œuvre, un apéritif.
Penchez-vous sur la mer et plongez dans la lecture de Comme les restes d´une
vague. La danse des mots choisis par Philippe Despeysses, oui, cette danse-là
saura bien vous envoûter…
Philippe Despeysses, Comme les restes d´une vague (52 écritures poétiques
océaniques), Éditions Persée, Aix-en-Provence, 2012.
Lancement à Lisbonne le 27 février, à 19h, à l´Institut Français du
Portugal. Cette présentation avec l´auteur sera accompagnée d´une
exposition de photos de Maria José Sobral, journaliste, éditrice du Petit
Journal (édition Lisbonne).
P.S (le 28 février)-J´ai fini par lire ce texte lors de la présentation du livre à l´Institut Français du Portugal.
P.S (le 28 février)-J´ai fini par lire ce texte lors de la présentation du livre à l´Institut Français du Portugal.
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