Le 3 mars, on signalera le centenaire de la naissance de Roger Caillois, écrivain et sociologue français, décédé le 21 décembre 1978.
En guise d´hommage à ce nom important des lettres françaises, je reproduis ici un texte de février 2006 sur son livre Pierres(collection Poésie,Gallimard) que j´ai écrit pour la rubrique Suggestions de lecture du site de la Nouvelle Librairie Française de Lisbonne.
Roger
Caillois, né à Reims en 1913, fut un écrivain on ne peut plus hétéroclite.
Ayant fréquenté l´École Normale Supérieure (Lettres) et l´École Pratique des
Hautes Études (Linguistique et Histoire des Religions), il fit partie du Groupe
surréaliste entre 1932 et 1935 et fonda avec Georges Bataille et Michel Leiris
le Collège de Sociologie en 1938.
Quand nous écrivions plus haut qu´il s´agissait d´un écrivain hétéroclite c´est parce que son oeuvre touche à tous les domaines : la sociologie (Le mythe et l´homme), l´anthropologie (L´homme et le sacré), l´activité ludique (Les jeux et l´homme) mais aussi le fantastique (dont il a organisé une anthologie), la critique littéraire (il a notamment fait connaître en France nombre d´écrivains sud-américains dont Borges, après un long séjour en Argentine, dans les années quarante, où il a fondé l´Institut français de Buenos Aires et s´est lié d´amitié avec Victoria Ocampo, la grande dame des lettres argentines), la guerre, la mythologie ou les sciences parallèles. L´une de ses grandes passions était néanmoins la minéralogie, une science à laquelle il a consacré les plus beaux textes qui soient sur les pierres. Le livre que nous vous proposons, disponible dans la collection «Poésie» des éditions Gallimard, s´intitule justement Les Pierres (publié, pour la première fois, en 1966). Les lecteurs pourraient s´interroger sur les raisons de la parution d´un texte sur les pierres dans une collection de poésie. Pourtant il suffit de lire les toutes premières lignes du livre pour que tous les doutes soient aussitôt dissipés, tant la magie et la poésie du langage séduisent le lecteur.
La culture minéralogique de Caillois est fascinante. Rien que les titres des différents chapitres du livre nous donnent une idée claire des connaissances de cet auteur original : Des pierres de la Chine , Des pierres de l´Antiquité classique, Concrétions siliceuses, Agate (I et II), Hématite iridescente, Quartz squelette, Quartz fantôme entre autres. Nous n´hésitons pas à reproduire un petit fragment du premier chapitre, Des pierres de la Chine : «La saveur de la pierre hiong-hoang est froide et amère (...). Elle guérit les ulcères malins, les fistules ; elle chasse les fantômes, les mauvais esprits. Elle éloigne les miasmes. Elle annule le venin des reptiles (...). La pierre hiong-hoang change les filles en garçons. Lorsqu´une femme s´aperçoit qu´elle est enceinte, il lui suffit d´en placer un fragment dans un petit sac de soie, qu´elle s´introduit dans le vagin. Le foetus prend alors de la force et devient mâle».
En 1978, quelques mois avant sa mort (survenue le 21 décembre), Roger Caillois publiait un récit autobiographique, Le fleuve Alphée, où il revenait, par moments, à sa passion pour la minéralogie.
Quand nous écrivions plus haut qu´il s´agissait d´un écrivain hétéroclite c´est parce que son oeuvre touche à tous les domaines : la sociologie (Le mythe et l´homme), l´anthropologie (L´homme et le sacré), l´activité ludique (Les jeux et l´homme) mais aussi le fantastique (dont il a organisé une anthologie), la critique littéraire (il a notamment fait connaître en France nombre d´écrivains sud-américains dont Borges, après un long séjour en Argentine, dans les années quarante, où il a fondé l´Institut français de Buenos Aires et s´est lié d´amitié avec Victoria Ocampo, la grande dame des lettres argentines), la guerre, la mythologie ou les sciences parallèles. L´une de ses grandes passions était néanmoins la minéralogie, une science à laquelle il a consacré les plus beaux textes qui soient sur les pierres. Le livre que nous vous proposons, disponible dans la collection «Poésie» des éditions Gallimard, s´intitule justement Les Pierres (publié, pour la première fois, en 1966). Les lecteurs pourraient s´interroger sur les raisons de la parution d´un texte sur les pierres dans une collection de poésie. Pourtant il suffit de lire les toutes premières lignes du livre pour que tous les doutes soient aussitôt dissipés, tant la magie et la poésie du langage séduisent le lecteur.
La culture minéralogique de Caillois est fascinante. Rien que les titres des différents chapitres du livre nous donnent une idée claire des connaissances de cet auteur original : Des pierres de la Chine , Des pierres de l´Antiquité classique, Concrétions siliceuses, Agate (I et II), Hématite iridescente, Quartz squelette, Quartz fantôme entre autres. Nous n´hésitons pas à reproduire un petit fragment du premier chapitre, Des pierres de la Chine : «La saveur de la pierre hiong-hoang est froide et amère (...). Elle guérit les ulcères malins, les fistules ; elle chasse les fantômes, les mauvais esprits. Elle éloigne les miasmes. Elle annule le venin des reptiles (...). La pierre hiong-hoang change les filles en garçons. Lorsqu´une femme s´aperçoit qu´elle est enceinte, il lui suffit d´en placer un fragment dans un petit sac de soie, qu´elle s´introduit dans le vagin. Le foetus prend alors de la force et devient mâle».
En 1978, quelques mois avant sa mort (survenue le 21 décembre), Roger Caillois publiait un récit autobiographique, Le fleuve Alphée, où il revenait, par moments, à sa passion pour la minéralogie.
3 commentaires:
Heureux de voir que vous avez consacré un intéressant texte à Pierres de cet auteur prolifique et coloré que fut Roger Caillois, né le 3 mars 1913 à 3 heures (comme il aimait le rappeler). Le Portugal lui rendrait-il davantage hommage que la France qui paraît avoir oublié cet événement ?
A.G.,
Auteur de "Roger Caillois. Des mythes aux collections". A paraître à Paris en mars 2013.
Cher Monsieur Axel Gryspeerdt,
Merci pour votre commentaire.
Je m´étonne moi aussi qu´en France on parle aussi peu ces jours-ci du centenaire de Roger Caillois. Son oeuvre est tellement riche et variée...
Merci également pour l´information sur la parution de votre livre. Je vais bientôt le commander à la Nouvelle Librairie Française de Lisbonne et je vais suggérer qu´on en commande aussi pour la librairie.
Cordialement,
Fernando Couto e Santos
Le plus étonnant est que même l'Unesco où Roger Caillois fut directeur pendant 30 ans et directeur-fondateur de la revue Diogène avec Jean d'Ormesson comme secrétaire, ne semble organiser aucune manifestation pour son centenaire de naissance !
Le lien suivant donne le contenu de la 4è de couverture.
http://www.collectiana.org/roger-caillois-des-mythes-aux-collections.html
A.G.
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