Plutôt que de me répandre en commentaires, je vous conseille de lire la chronique que je lui ai consacrée en février 2016 que vous trouverez dans les archives de ce blog.
La plume dissidente
«L´enfer, c´est un endroit sans livre»-Elie Wiesel.
Qui êtes-vous ?

- Fernando Couto e Santos
- Féru de littérature française et étrangère, ma plume sévit dans diverses colonnes de journaux, de sites internet pour partager ce goût qui m´anime. Que détracteurs ou admirateurs n´hésitent pas à réagir à mes chroniques.

jeudi 25 février 2021
La mort de Philippe Jaccottet.
mercredi 24 février 2021
La mort de Lawrence Ferlinghetti.
Le poète américain Lawrence Ferlinghetti est mort le 22 février à San Francisco aux États-Unis. Né le 24 mars 1919(à Yonkers), il aurait le mois prochain 102 ans. Il était également connu comme co-fondateur de la Librairie City Lights Booksellers & Publishers et d´une maison d´édition du même nom qui a fait paraître les travaux littéraires des poètes de la Beat Generation dont Jack Kerouac et Allen Ginsberg.
Il a écrit de nombreux livres de poèmes
dont Amants des gares, directement écrit en français(éditions Le Temps des Cerises,
1990).
mercredi 17 février 2021
La mort de Joan Margarit.
La littérature d´Espagne-de langue espagnole et catalane - est plongée dans la consternation avec la mort hier, à l´âge de 82 ans, victime d´un cancer, du grand poète Joan Margarit, prix Cervantès 2019.
Né à Sanahuja, en Espagne, le 11 mai 1938, «Joan Margait i Consarnau a écrit pour les âmes solitaires et les humeurs douloureuses, auxquelles il s'est identifié même dans les moments les plus brillants» écrivait hier le magazine Fahrenheit.
Malheureusement, il est très peu traduit en français.
samedi 13 février 2021
Article pour le Petit Journal Lisbonne.
Vous pouvez lire sur l´édition d´hier du Petit Journal Lisbonne ma chronique sur le roman Le Passeur de Stéphanie Coste, aux éditions Gallimard, un premier roman très prometteur:
vendredi 29 janvier 2021
Chronique de février 2021.
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Catalin Mihuleac |
Enfer à Iasi ou la
mémoire dérangeante d´un pogrom roumain.
L´histoire des pays se tisse, on le sait, au gré des splendeurs qui rendent
les peuples fiers de leur passé, mais aussi à l´aune des misères qui les
poussent à oblitérer les zones d´ombre, souvent jonchées de cadavres, qui
ternissent leur mémoire. En Roumanie, outre les années sombres où le conducator
Nicolae Ceausescu, sa femme Elena et la redoutable Securitate –police politique du régime communiste
– ont sévi sans partage, il est une autre période de l´Histoire du vingtième
siècle encore plus dérangeante pour la mémoire roumaine : le pogrom de
Iasi en juin 1941 où plus de treize mille juifs ont péri sous les coups de
boutoir de l´armée et de la police du régime du général Ion Antonescu, allié
des nazis, mais aussi de civils de toutes les classes sociales pris d´une
hystérie collective contre les juifs, considérés comme des ennemis de la nation
et sympathisants communistes.
Malgré l´évocation qu´en font les historiens, la mémoire roumaine a encore
parfois du mal à digérer cette période ténébreuse de son histoire, peut-être
parce que s´il y eut des Roumains chrétiens et autres qui ont sauvé des juifs
au péril de leur vie, ils ont pourtant été nombreux à contribuer de bon gré à
leur lynchage et à leur extermination.
Si le travail de recherche et d´interprétation de l´historien est
fondamental pour la préservation de la mémoire, peut-être le romancier dans un
autre registre joue –t-il un rôle tout aussi important en ce sens que la
fiction permet parfois au lecteur, à travers les sentiments d´un personnage et
les techniques du récit littéraire, de s´identifier davantage et plus
facilement aux figures et aux moments de l´histoire.
La parution en 2014 chez Editura Polirom du roman America de peste pogrom où il est question justement du pogrom de Iasi fut un véritable événement en Roumanie et plus tard en Allemagne aussi. Partout, on a salué son énorme originalité et son indiscutable force narrative, d´autant plus que l´auteur a pondu un roman où le ton parfois grave est ici ou là remplacé par une narration à l´humour sarcastique, comme si, puisque les juifs sont à l´ordre du jour, l´auteur ne pourrait, tout en évoquant la souffrance, s´empêcher de penser, en écrivant un roman comme celui-ci, à la grande tradition de l´humour juif que l´on connaît par des auteurs comme, entre autres, Sholem Aleikem, Edgar Hilsenrath, ou d´une manière plus atypique et subreptice Kafka lui-même (on pourrait ajouter Woody Allen côté cinéma).
Toujours est-il que l´auteur de ce roman s´est attaqué de main de maître à
l´un des grands tabous de l´histoire roumaine contemporaine. Cet écrivain
répond au nom de Catalin Mihuleac et il a fallu six ans pour que la traduction
en français (par Marily Le Nir) eût vu le jour en septembre dernier grâce aux
éditions Noir sur Blanc sous le titre Les Oxenberg & Les Bernstein. Le
roman fut bien accueilli et a reçu en France le Prix Transfuge du meilleur
roman européen.
Né en 1960 à Iasi justement, Catalin Mihuleac a fait des études de
géologie, de biologie, de géographie et, à la fin, d´économie à l´Université
Alexandru Ioan Cuza. Il a travaillé une demi-douzaine d´années en tant que
géologue. À la chute du régime communiste, il a entamé une carrière de
journaliste tout en publiant ses premiers textes satiriques dans des revues
telles România Literara, Ziarul de Duminica, Orizont, Dacia Literara et
Cronica. Aujourd´hui, il est éditeur du magazine Timpul.
Deux histoires parallèles ont cours dans ce roman : celle des
Bernstein, une famille de Juifs américains qui réussit à Washington DC dans les
années 1990 grâce au commerce en gros de vêtements vintage, et celle, soixante
ans plus tôt, des Oxenberg, juifs aussi,
dans la ville roumaine de Iasi.
Le début de la narration commence en 2001 lorsque la riche Dora Bernstein
et son fils Ben se rendent à Iasi pendant l´été et font la connaissance de
Suzy, une jeune pragmatique et un brin insolente, qui a grandi dans la Roumanie
de Ceausescu où le mensonge, la misère et une nouvelle mouture du communisme,
un communisme aux accents ubuesques, ont transformé le pays en une fable
cauchemardesque. Suzy finit par épouser Ben et fait fructifier les affaires de
sa belle-famille. Les Bernstein, persuadés que tout, des habits aux idées, y
compris les sentiments, est plus ou moins de seconde main, ne voient dans le
passé qu´une valeur ajoutée.
L´autre histoire du roman se situe, on l´a vu, à Iasi où dans les années trente
le médecin juif Jacques Oxenberg se taille une bonne réputation après avoir vu
couver l´antisémitisme à la Faculté où il a étudié. Il a essuyé toutes sortes
d´humiliations et n´a pas rechigné devant les règlements absurdes mis en place
comme l´injonction faite aux étudiants juifs de ne disséquer que des cadavres
juifs faute de quoi ils seraient renvoyés. Dans une époque où l´antisémitisme
s´accentue donc au fil des jours, Jacques Oxenberg devient néanmoins un
obstétricien célèbre, le meilleur de la région, le maître des césariennes,
surnommé par les nationalistes – qui appellent à un
retour aux accouchements traditionnels à la maison- «le docteur vaginard». Roza, sa femme, élégante et
lettrée prépare la traduction en allemand d´une anthologie de nouvelles
roumaines. Leur fils Lev est un écolier espiègle qui a déjà, si jeune,
l´entregent pour bien mener ses affaires, ne serait-ce qu´auprès de ses
collègues à la cour de récréation. Enfin, Golda, leur fille, enfant à
l´imagination vive et pétillante, sait raconter des histoires et ce talent lui
vaudra d´échapper au pogrom. En raison de leur place dans la bonne société, les
Oxenberg se croyaient protégés. Or, il n´en fut rien.
Le virus de la haine gronde à Iasi à chaque coin de rue en l´année 1941 et
le 29 juin la barbarie se déchaîne emportant quasiment tous les juifs sur son
passage. Contrairement à une idée répandue à la Libération selon laquelle le
pogrom ne serait imputable qu´aux officiers et soldats nazis –une version que
même les communistes n´ont pas contestée -, le crime eut la coordination des
autorités roumaines et des civils y ont joyeusement participé, en détroussant
des cadavres, en pillant, en massacrant ceux qui avaient été des voisins. Le
crime fut d´autant plus prémédité que les autorités roumaines avaient fait
creuser deux immenses fosses communes dans le cimetière juif sur les hauteurs
de Pacurari.
Catalin Mihuleac raconte la violence inouïe qui s´est emparée des Roumains
avec un talent rare où le grotesque côtoie l´épouvante la plus sordide et
abjecte. On tabasse à la Questure, on pousse les survivants à la gare vers les
trains de la mort, pour Calarasi et Podu Iloaiei. Le docteur Jacques Oxenberg
et son fils Lev vont connaître le sort funeste des autres juifs. Toutes les
supplications du docteur pour qu´au moins son fils eût la vie sauve sont
restées lettre morte. Le colonel Chirilovici, auquel il fait appel par le biais
d´un policier, lui transmet une réponse aussi catégorique que honteuse :
«je ne connais pas ce youpin». D´autres pontes l´ont traité avec le même
mépris, eux dont les épouses avaient été patientes du «docteur vaginard».
C´était une forme ignominieuse de nationalisme : «Le médecin apprend –trop
tard et, hélas, à ses propres dépens –la forme gynécologique de nationalisme,
entrelacée avec la jalousie aveugle du mâle roumain. Un Roumain avec une paire
de roubignoles qui savent ce que c´est que l´honneur ne peut vivre longtemps
avec l´idée qu´un autre a regardé ce qu´il y avait dans les culottes de sa
femme. Si cet «autre» existe, il faut le supprimer chirurgicalement, comme un
furoncle qui affecte la beauté d´un cul de femme. Et surtout si cet autre est
de plus un «Judas perfide». Donc,
poursuit le narrateur se mettant dans la peau d´un nationaliste roumain, un
médecin juif qui a souillé tant de parturientes roumaines n´a pas le droit de
vivre une seconde de plus, fût-il Itzic Esculape, et il n´y a pas de raison non
plus pour que son fils quoique mineur eût la vie sauve. L´enfant n´en est pas
moins un youpin lui aussi…
Pour ce qui est de Golda, la jeune fille des Oxenberg, qui n´avait jamais
vu d´autre nu masculin que les statues grecques des livres d´art, elle observe
sans vraiment comprendre, comment sa mère est violée, sodomisée, humiliée, non
seulement par des officiers nazis, mais également par d´autres hommes comme
Ilie, le fiancé de Tincoutza, la bonne de la famille. En la pénétrant, Ilie se
sent pousser des ailes encouragé par des cris scandés par ses comparses se
trouvant derrière la porte : «Encore un petit coup, coup, coup/ et le zizi
sera dans l´trou, trou, trou/y a rien de plus doux, doux, doux/que d´êt´au
chaud dans l´trou». Golda finit par partir à l´extérieur et au fur et à mesure
du déroulement de l intrigue, on découvre qu´elle est le trait d´union entre
les Oxenberg et les Bernstein…
Les nazis, lors de la seconde guerre mondiale, ont été responsables de
l´innommable, de la solution finale, de l´Holocauste. Néanmoins, même si rien ne peut égaler l´horreur de la Shoah, tous n´ont
pas été résistants dans les pays sous occupation ou influence nazie. En France sous
le régime de Vichy, en Roumanie à Iasi et ailleurs, en Croatie sous l´impulsion
des oustachis, en Slovaquie sous la baguette de la Garde de Hlinka, les
exemples sont nombreux où des régimes jouant le rôle de laquais des Allemands ont
mis en place des mesures antisémites et ont participé à des crimes contre les
populations juives. Ces mesures ont souvent été appliquées grâce au zèle des
fonctionnaires administratifs et à une cohorte de collaborationnistes civils.
Si les historiens font un travail remarquable de préservation de la
mémoire, la littérature n´est-elle pas le témoignage de l´Histoire par d´autres moyens et d´autres
chemins ? Dans l´art de la fiction, Catalin Mihuleac a su immortaliser on
ne peut mieux un des épisodes les plus cruels et traumatiques de l´histoire
roumaine du vingtième siècle.
Catalin Mihuleac, Les Oxenberg & les Berstein, traduit du roumain par
Marily Le Nir, éditions Noir sur Blanc, Paris/ Lausanne, septembre 2020.
Ce roman a reçu le Prix Transfuge du meilleur roman européen.
vendredi 15 janvier 2021
Article pour Le Petit Journal Lisbonne.
Vous pouvez lire sur l´édition d´aujourd´hui du Petit Journal Lisbonne ma chronique sur le roman Yougoslave de Thierry Beinstingel aux éditions Fayard.
La mort de Vassilis Alexakis.
Ce n´est qu´aujourd´hui même que j´ai appris la mort lundi dernier, 11 janvier, à Athènes, de l´écrivain franco-grec Vassilis Alexakis. Il a vu le jour le 25 décembre 1943 dans la même ville et il était un écrivain franco-grec(il a écrit dans les deux langues, celle du pays où il est, la Grèce, et celle de son pays d´adoption, la France). Son oeuvre fut couronnée de plusieurs prix littéraires.
Je lui ai consacré deux articles. Le premier, vous le trouverez dans les archives de 2007 de ce blog. C´était sur son roman Ap. J-C, couronné du prix de l´Académie Française. L´autre, sur le roman La clarinette, fut publié en 2015 dans Le Petit Journal Lisbonne. Un article que je reproduis ici:
«Mon ami Jean –Marc Roberts.
Selon les dictionnaires de la
langue française, la clarinette est un instrument de musique à vent de la
famille des bois caractérisée par son anche simple et sa perce quasi
cylindrique. Elle aura été créée en 1690 par l´Allemand Johann Christoph
Denner(1655-1707) à Nuremberg sur la base d´un instrument à anche simple plus
ancien, le chalumeau. En pays littéraire, il est désormais question de
clarinette puisqu´il s´agit du titre du dernier roman de l´écrivain grec
Vassilis Alexakis. Non, ce n´est pas à proprement parler un roman sur la
musique tout court, ou peut-être l´est-il d´une certaine sorte de musique, une
musique qui se dégage des mots et qui tisse toute une symphonie exprimant des
sentiments on ne peut plus nobles comme, par exemple, l´amitié. C´est que ce
roman- dont le nom est inspiré par un oubli de l´auteur-est, outre une
réflexion sur la situation délicate de son pays, la Grèce, un profond
témoignage d´amitié à l´égard de son ami et éditeur Jean-Marc Roberts, décédé en 2013 des suites
d´une tumeur du cervelet.
Vassilis Alexakis est né à Athènes en 1943,
le jour de Noël, et il a effectué
son premier séjour en France au début des années soixante lorsqu´il a décroché
une bourse pour étudier à l´École Supérieure de Journalisme de Lille. Rentré au
pays pour accomplir son service militaire, il a décidé de se fixer en France en
1968 alors que son pays vivait depuis quelques mois sous la férule de la
dictature des colonels. Sa carrière d´écrivain (il est également un brillant
dessinateur) est ponctuée par plus d´une dizaine de romans, écrits le plus
souvent en français-comme La clarinette-,
mais aussi en grec (qu´il traduit lui-même en français, comme il traduit en
grec ceux qu´il a écrits dans la langue de Molière). Parmi ses titres, on se
doit de mettre en exergue La langue
maternelle (Prix Médicis en 1995, ex-aequo avec Le testament français d´Andreï Makine), Ap. J-C (Prix de l´Académie Française en 2007), Les mots étrangers-sur l´apprentissage
du sango, langue de la République Centrafricaine, roman pour lequel je garde
une tendresse particulière-et, l´avant –dernier, L´enfant grec. Enfin, il a reçu en 2013 Le Grand Prix de la Langue
Française pour l´ensemble de son œuvre.
Chez Vassilis Alexakis, il y a toujours ce mélange subtil entre l´humour et
une douce mélancolie. Dans La clarinette, le lecteur est toujours
tenu en haleine par les sujets les plus divers comme les tournées de
présentation de livres, les mots, le panthéon familial et les femmes (les
siennes et celles de son ami, quasiment un frère, Jean-Marc Roberts). Pourtant,
ces délicieux chemins que l´auteur d´ordinaire emprunte ne nous détournent ni
de Jean –Marc Roberts, ni de la Grèce. La Grèce évoquée ici(le livre écrit et
sorti avant la victoire du Syriza n´en tient pas compte, bien entendu) est
celle où la pauvreté ne cesse de croître, une Grèce déboussolée, corsetée par
l´austérité et humiliée par des hommes politiques sans crédibilité et un
programme d´assistance internationale impitoyable. Mais c´est aussi la Grèce
qui maltraite les immigrés, entassés dans des camps de rétention, venus de pays
plus pauvres, d´Asie et d´Afrique, souvent des réfugiés qui fuient la guerre.
La Grèce où des nantis ne payent toujours pas d´impôts, surtout les richissimes
armateurs et la très puissante église orthodoxe. Une église orthodoxe peu tolérante à l´égard des voix
critiques-comme celle de Vassilis Alexakis-et suspectée de frayer avec l´Aube
Dorée le parti néonazi grec qui siège au parlement du pays. Néanmoins, il
existe une autre Grèce plus humaine, où se tissent des liens de solidarité, où
les gens s´entraident dans le besoin, où une vieille dame nonagénaire, Lilie,
issue d´une vieille famille aisée, née au sein de la communauté grecque
d´Istanbul et sœur d´un écrivain réputé, tricote pour des enfants déshérités.
Et bien sûr, il y a l´amitié et le souvenir de Jean-Marc Roberts. Le livre
est en quelque sorte un immense dialogue
où le narrateur s´adresse à son grand ami, en évoquant les moments de joie
qu´ils ont pu vivre ensemble. Sur les funérailles de Jean –Marc Roberts,
Vassilis Alexakis nous laisse par exemple des paroles émouvantes que je
n´hésite pas à vous reproduire ici: «Puis Dina a chanté une chanson de Michel
Berger, ton nouveau voisin. Un musicien assis à l´écart l´accompagnait à la
guitare. Tu aurais sûrement approuvé son initiative, toi qui aimais tant
chanter. Mais je suis incapable de te dire quelle chanson elle avait
choisie : je n´écoutais pas les paroles, pas plus que je n´avais pu suivre
attentivement le discours de Gabriel. En fait, je n´écoutais qu´Alphonse qui
pleurait. Le plus jeune de tes enfants, celui qui a sans doute le plus besoin
d´être aimé, n´avait pas pu se contenir plus longtemps. Son visage était inondé
de larmes, il pleurait en sanglotant comme un enfant justement. « Il pleure
pour nous tous», ai-je pensé. Tu trouvais tes livres si légers que tu prévoyais
qu´un jour tu t´envolerais avec eux. À la fin de la chanson, j´ai vu une nuée
de livres surgir du feuillage des arbres et voltiger au-dessus de la foule,
très haut dans le ciel».
En refermant ce beau roman, on a l´impression d´entendre la voix de
Vassilis Alexakis disant: «Ma patrie est l´amitié».
Vassilis Alexakis, La clarinette, éditions du Seuil, Paris, 2015».