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Féru de littérature française et étrangère, ma plume sévit dans diverses colonnes de journaux, de sites internet pour partager ce goût qui m´anime. Que détracteurs ou admirateurs n´hésitent pas à réagir à mes chroniques.

vendredi 29 octobre 2010

Chronique de novembre 2010





Ricardo Piglia et son double.

Dans son essai« La multiplicación pigliana», le critique littéraire et essayiste espagnol Jorge Carrión évoque l´importance du chiffre deux dans l´œuvre de l´écrivain argentin Ricardo Piglia. Je me méfie toujours de ce genre d´analyse portant sur l´importance d´un nombre ou sur des analogies de la sorte. Toujours est-il qu´en l´occurrence Jorge Carrión a vu juste. En fait, comme il le rappelle dans cet essai, ce genre de dualité est présent le long de l´œuvre de ce grand écrivain argentin.

En effet Ricardo Piglia a un double ou plutôt un alter ego dans la plupart de ses œuvres, un dénommé Emilio Renzi, un hybride de journaliste et de détective qui enquête sur de grands événements ou de menus détails. Or, il se fait qu´Emilio Renzi se confond avec Ricardo Piglia lui-même qui se nomme effectivement Ricardo Emilio Piglia Renzi. Cette dualité déjà évoquée s´inscrit aussi dans une autre logique, celle des titres de ses œuvres constitués par deux seuls mots, normalement un nom et un adjectif : Nombre falso, Prisión perpetua, Formas breves, Respiración artificial, Plata quemada, Ciudad ausente, El último lector ou son dernier roman Blanco nocturno. Parmi ses titres, on n´en trouve que deux (encore le chiffre deux, curieusement) dérogeant à ce principe : La invasión (son premier livre de contes) et son recueil d´interviews Crítica y ficción(deux noms au lieu d´un nom et d´un adjectif).

En France, malgré un certain succès d´estime, Ricardo Piglia n´a que quatre livres traduits : Respiration artificielle chez André Dimanche éditeur, Argent brûlé et La ville absente chez Zulma et Le dernier lecteur chez Christian Bourgois. Néanmoins, son nom commence déjà à susciter un énorme engouement dans les milieux universitaires. En Espagne et, bien sûr, en Argentine, sa réputation ne fait que s´accroître.

Né en 1940 à Adrogué dans la province de Buenos Aires, Ricardo Piglia, comme son patronyme nous l´indique, est issu d´une famille d´origine italienne. Si son talent de romancier et de conteur est indiscutable, il est aussi de plus en plus reconnu comme un des essayistes les plus lucides en Argentine. Professeur de littérature latino-américaine à Princeton University aux États-Unis, où il occupait la chaire Walter S. Carpenter, Ricardo Piglia a consacré d´importantes études à des écrivains argentins parmi les plus réputés comme Domingo Faustino Sarmiento, homme politique, auteur du célèbre Facundo, Macedonio Fernandez, sur l´oeuvre duquel Piglia a écrit un Dictionnaire particulièrement documenté, Roberto Arlt et inévitablement Jorge Luis Borges. De Borges, Piglia semble tenir ce goût particulier pour la réécriture. Je viens d´achever d´ailleurs la lecture d´un livre remarquable intitulé J.L Borges : la vie commence(Éditions Le Cherche Midi) où l´auteur, Jean-Pierre Bernés, ancien attaché culturel de l´ambassade de France à Buenos Aires, qui a beaucoup fréquenté Borges et qui est en outre responsable de ses œuvres dans la Pléiade, nous rappelait justement cette prédilection du mage argentin pour la réécriture, la relecture et même la copie. Nous nous rappelons tous l´exemple de son personnage Pierre Ménard, lecteur de Cervantès, qui copie intégralement le Don Quichotte. Une fois achevée cette tâche singulière, son Don Quichotte semble plus parfait que l´œuvre originale de Cervantès.

Chez Borges, d´ailleurs, il faut mettre aussi en exergue l´importance du lecteur. Comme l´écrit Piglia lui-même dans un des textes de son magnifique essai El último lector«Chez Borges, l´action de lire articule l´imaginaire et le réel. On dirait mieux, la lecture construit un espace entre l´imaginaire et le réel et met à mal la classique opposition binaire entre illusion et réalité. Il n´y a à la fois rien de plus réel ni rien de plus illusoire que l´action de lire. Très souvent, le lieu où se croisent le rêve et la vigile, la vie et la mort, le réel et l´illusion est représenté par l´action de lire.»

Pour en revenir à la question de la copie, Borges écrivait dans une lettre à son ami majorquin Jacobo Sureda en 1921« La vie se copie elle-même». Dans la même veine, Piglia pourrait faire sienne, selon Jorge Carrión, la devise «Mes textes copient d´autres textes et se copient eux-mêmes», une phrase qu´il aurait pu écrire dans un e-mail fictif. Tant et si bien que d´aucuns vont jusqu´à parler de l´œuvre de Piglia comme d´un palimpseste.

Quoi qu´il en soit, l´œuvre de Piglia compte parmi les plus stimulantes et originales que l´on eût pu connaître ces derniers temps et en écrivant ceci je ne pense pas qu´à la littérature hispanique. Son premier livre La Invasión date de 1967, mais selon un procédé cher à l´auteur, comme nous l´avons vu plus haut, une nouvelle édition en est parue en 2006, c´est-à-dire, en quelque sorte une réécriture. Aux dix contes de la version originale (révisés par l´auteur), Piglia en a rajouté cinq récits publiés autrefois dans des revues littéraires et deux inédits. Dans la quatrième de couverture de l´édition de 2006, publiée chez Anagrama(où toute l´œuvre de Piglia est en cours de publication), on nous annonce que réécrire des histoires anciennes dans le but qu´elles demeurent les mêmes est une utopie littéraire plutôt bénévole de même que celui qui récrit des récits conçus dans le passé n´est plus la personne qui les a écrits autrefois.

Ce livre a en épigraphe- et c´est là aussi une des subtilités de Piglia, celle de savoir choisir des épigraphes- une phrase admirable de Roberto Arlt : «Il nous est revenu, à nous, la mission d´assister au crépuscule de la pitié» et l´on trouve parmi les histoires qui le composent des fictions historiques, des portraits d´obscurs perdants de la vie et d´émouvantes histoires d´enfance.

Dans un autre livre, Prisión perpetua, Piglia nous présente deux nouvelles qui développent toutes les variantes possibles de la narration : l´autobiographie, le récit historique, la fiction théorique, le journal ou le conte fantastique parce que selon un des personnages même du livre« Raconter c´est comme jouer le poker, tout le secret consistant à faire semblant de mentir alors que l´on dit la vérité» Un des personnages, Stephen Stevenson, a consacré son labeur à construire une réplique en miniature de l´ordre du monde, enfermé en une chambre d´hôtel où il écrit son journal. Là encore en épigraphe une belle phrase, cette fois-ci de Mark Rothko : «I don´t express myself in my painting. I express my not-self».

Dans Respiración artificial, considéré à juste titre par nombre d´observateurs comme un des dix meilleurs livres de la littérature argentine, Piglia à travers son alter ego Emilio Renzi efface les frontières entre littérature et histoire et entre réalité et fiction, dans un roman où l´on voit pointer sous une foule de personnages l´ombre cachée de Gombrowicz à travers la figure d´un certain Tardewski.

Dans un autre grand roman, La ciudad ausente, Ricardo Piglia met en scène la ville comme un roman. Il s´agit en quelque sorte d´un Buenos Aires transfiguré ou défiguré qui se fait l´écho de l´œuvre de ses écrivains majeurs dans un registre où la voix de Joyce est subtilement convoquée.

Enfin, dans son tout dernier roman, Blanco nocturno, paru en Espagne début septembre, Piglia nous raconte l´histoire d´un étrange voyageur Tony Durán, né à Porto Rico, élevé comme un Nord- Américain à New Jersey et qui a été assassiné au début des années soixante-dix dans un village de la province de Buenos Aires. Tony Durán s´était déplacé en Argentine pour suivre deux sœurs jumelles (encore l´ironie du chiffre deux ?) qu´il avait connues aux États-Unis. Tony se voit plongé dans un quotidien provincial où une foule de situations mènent à son meurtre. Emilio Renzi le double de Piglia réapparaît ici dans le rôle de journaliste, détective et confident d´une des sœurs jumelles qu´il avait connue autrefois.

Dans ce dernier roman, Piglia change un peu de registre pour ce qui est du décor de l´intrigue. Il échange le monde urbain, visible dans les autres fictions, contre le monde rural. Il a justifié l´option prise cette fois-ci dans une interview accordée à Pablo Gianera du quotidien argentin La Nación : «J´avais le souvenir des nuits de mon enfance à la campagne. Ceci implique un autre rapport au paysage et aussi aux personnages qui n´est pas pareil à celui de la ville. Imaginons que des gens ont une conversation comme celle que nous avons ici pendant l´après-midi. À la campagne il est possible que cette même conversation soit reprise dans la soirée. Or ceci est une chose qui pourrait difficilement se reproduire en ville.»Piglia veut traduire par là que les personnages auront donc une autre épaisseur et une autre dimension et dans cette fiction il a voulu privilégier les personnages plutôt que l´intrigue. De son propre aveu des personnages qui aident à définir l´action :«L´intrigue se construit autour des personnages(…).Par exemple, il y a eu un crime parce qu´il y avait un commissaire.» Le commissaire Croce est d´ailleurs un des personnages les plus stimulants de ce roman, un homme qui triomphe intellectuellement mais qui finit défait judiciairement, comme l´affirme à juste titre Pablo Gianera.

Une des parties les plus intéressantes de cette interview est néanmoins celle où Piglia se permet une remarque à l´héritage de Jorge Luis Borges : « Je voudrais bien que l´on puisse se rendre compte qu´il n´y a pas un seul modèle pour faire de la littérature. Cette idée nous renvoie à ce qu´il y a de plus négatif dans l´héritage de Borges. Il croyait qu´il n´y avait qu´une seule manière, une manière qui d´une part excluait Proust et qui d´autre part incluait tous les autres. Pour lui, Chesterton et Stevenson étaient supérieurs à Proust ou à Joyce. C´était une opinion courageuse et il avait tout le droit de la défendre, je ne peux pas l´en blâmer. Pourtant, il me semble que ce n´était pas du tout pertinent qu´il eût pu dire que c´était ça la littérature. Borges a donc fini par permettre que l´on eût assimilé un modèle unique. Cette posture n´aide nullement aux conversations et aux tensions entre les poétiques. Au contraire, elle permet que s´installent des exclusions absolues».

De ces fictions de Piglia, l´ironie n´est pas non plus absente et à l´instar de ce qui s´est produit un jour avec un livre d´ Enrique Vila-Matas (voir la chronique de mai 2010*), j´ai aussi une petite histoire avec un livre de Piglia. Il y a trois ans, à peu près, j´ai découvert sur le site du magazine mexicain Letras Libres, un entretien fort intéressant entre Ricardo Piglia et l´écrivain mexicain Juan Villoro. À un moment donné, Piglia rappelle à propos de l´importance du lecteur un épisode de son enfance, à l´âge de quatre ans où il ne savait ni lire ni écrire encore. Pourtant, il a pris dans la bibliothèque de son père un livre de couverture bleue qu´il tenait à la main assis près de la gare d´Adrogué. Alors, quelqu´un est passé par là et lui a dit qu´il tenait le livre à l´envers. Quelques semaines plus tard, j´ai commandé quelques livres en espagnol dont Plata Quemada de Ricardo Piglia. Or, une malencontreuse erreur d´imprimerie a fait qu´entre la page 141 et la page 166 je ne puisse lire le livre qu´à l´envers ! Malheureusement, il ne m´est jamais venu à l´esprit l´idée de m´asseoir près d´une gare quelconque de Lisbonne et lire ces pages-là du livre Plata Quemada. Peut-être que je me serais senti un personnage d´une fiction de Piglia…

Œuvre d´intelligence et de subtilité, les livres de Piglia ont suscité chez le journaliste de El Periódico, Ricardo Baixeras un des commentaires traduisant le mieux l´importance de cet écrivain argentin dans la littérature contemporaine : «Un jour on saura bien ce que l´on lisait avant, quand on ne lisait pas encore Ricardo Piglia».


*À la suite de cette mise en ligne, ce blog et l´ article sur Enrique Vila-Matas ont eu droit de cité sur le site de l´écrivain espagnol (www.enriquevilamatas.com) dans la rubrique «Une page française».

P.S(le 4 juin 2011)- Le roman Blanco Nocturno s´est vu décerner le 2 juin 2011 le prestigieux prix Rómulo Gallegos.


Miguel Hernandez, centenaire d´un grand poète.



Auteur de El rayo que no cesa et Vientos del pueblo me llevan, Miguel Hernandez né le 30 octobre 1910 à Alicante, fut un grand poète d´Espagne. Son combat aux côtés des républicains lors de la guerre civile espagnole a signé son arrêt de mort. En 1939, voulant fuir l´Espagne après la victoire de Franco, il fut arrêté à la frontière par la police portugaise et remis à la garde civile espagnole.

En 1940, il a été condamné à mort, mais sa peine fut ultérieurement commuée en 30 ans d´emprisonnement. Pourtant, atteint de tuberculose, il a poussé son dernier soupir le 28 mars 1942 dans une prison d´Alicante.

Contrairement aux grands poètes de sa génération, Miguel Hernandez était un autodidacte, issu d´un milieu social assez modeste. La plupart de ses poèmes ont été mis en musique, surtout par Paco Ibañez et Joan Manuel Serrat.

Le centenaire de sa naissance que l´on commémore ce 30 octobre se présente comme une occasion en or pour évoquer et divulguer l´œuvre de cet immense poète.

dimanche 17 octobre 2010

Mario Vargas Llosa et Gustave Flaubert



J´ai retrouvé dans mes archives personnelles un article que j´avais écrit en 2007 lors de la traduction de l´essai de Mario Vargas Llosa sur Gustave Flaubert intitulé La orgía perpetua, Flaubert y Madame Bovary(L´orgie perpétuelle, Flaubert et Madame Bovary). L´article a été mis en ligne en juillet 2007 sur le site de la Nouvelle Librairie Française de Lisbonne. L´attribution du prix Nobel de Littérature 2010 à l´écrivain péruvien m´a donné l´idée de le reproduire ici. Le voici:

«Les livres ne se font pas comme les enfants, mais comme les pyramides, avec un dessin prémédité, et en apportant de grands blocs l´un par-dessus l´autre, à force de reins, de temps et de sueur». Cette phrase, c´est Gustave Flaubert qui l´a écrite dans une lettre à Ernest Feydeau, en décembre 1857, à propos de la rédaction de son chef-d´œuvre Madame Bovary. Contrairement à Stendhal et à Alexandre Dumas qui représentaient cette lignée d´écrivains pour qui l´écriture serait naturelle, spontanée et une façon enjouée d´envisager la vie, Flaubert a eu, de tout temps, la réputation d´un ermite qui tombait d´ordinaire dans la déprime quand il était en panne d´imagination. Julian Barnes dans son livre brillant Le perroquet de Flaubert (1) a reproduit une phrase assez curieuse de l´auteur selon laquelle il lui fallait souvent se masturber la tête pour faire éjaculer certaines idées. Flaubert, dans sa solitude et son enfermement, c´était l´homme des métaphores, mais aussi l´homme de la démesure. Celui qui a écrit« Madame Bovary, c´est moi»n´ignorait pas que l´on pourrait trouver des traces de lui-même dans son personnage féminin : la recherche de l´absolu, l´insatisfaction permanente, le spleen. Le mythe d´Icare (on vole aussi loin que l´on ne peut empêcher sa propre chute) devenait une obsession. À la fin, Emma s´est suicidée (2) et Flaubert était en quelque sorte conscient qu´après avoir écrit un tel ouvrage on pourrait difficilement mieux faire. C´était aussi pour lui, au moins, la fin d´un cycle.

Le grand écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, a toujours été fasciné, dès sa jeunesse, par Madame Bovary, qu´il considère, à juste titre, comme l´œuvre fondatrice du roman moderne, et, naturellement, par Gustave Flaubert, un maître indiscutable pour nombre d´écrivains contemporains. En 1975, il a publié un essai- reparu il y a quelques mois, tant en espagnol chez Alfaguara, qu´en traduction française chez Gallimard- intitulé L´orgie perpétuelle : Flaubert et Madame Bovary, qui témoigne justement de sa passion pour l´univers flaubertien en général et l´œuvre dont on est en train de parler en particulier.

Cet essai est divisé en trois parties, correspondant chacune à trois angles différents. Dans la première partie, un brin autobiographique, Vargas Llosa nous raconte son expérience de lecteur fervent et le plaisir de la découverte. Ensuite, il disserte sur l´œuvre en soi et sur l´importance d´un roman où plusieurs ingrédients s´entremêlent : la violence, la révolte, le mélodrame et le sexe. En dernier lieu, il analyse le rapport de l´œuvre à l´histoire et le développement du roman en tant que genre le plus représentatif de la littérature moderne.

Vargas Llosa –et l´on trouve là une des toutes premières raisons de la réussite de ce livre- ne se laisse, à aucun moment, enivrer par l´enthousiasme qu´il éprouve pour l´ouvrage et l´auteur. L´essai est minutieux et rigoureux sans tomber dans les lourdeurs ennuyeuses de ces essais trop académiques. Vargas Llosa ne nous épargne aucun détail : le temps, le rôle du narrateur, l´emploi du discours indirect libre, le monologue intérieur. Mais aussi la généalogie d´un écrivain : Rabelais, Racine, Ronsard, Goethe, Byron et Hugo comptent parmi ses principales influences. Dans ce registre, Flaubert a quand même un penchant particulier pour Montaigne, qu´il cite de mémoire et qu´il appelle«mon père nourricier». Les critiques ont souvent écrit que c´est de Montaigne que Flaubert a tenu son scepticisme, mais pour Vargas Llosa, la lecture de Montaigne aura plutôt civilisé le scepticisme que Flaubert avait déjà assimilé mais à l´état brut. Dans cet essai, vous serez aussi au fait des affres de Flaubert dans la construction de son œuvre et la façon dont il fait part de son supplice à son entourage (Louise Colet, Bouilhet, Du Camp, entre autres). Il y est question également des comparaisons que l´on dresse entre Madame Bovary et Don Quichotte (où Vargas Llosa apporte une nouvelle lumière) et des origines du mot Bovary.

Le génie d´un auteur, on le sait, côtoie parfois la folie et la passion de Flaubert portée souvent au dernier degré d´éréthisme le menait à s´identifier tellement à ses personnages que dans une lettre à Taine il a écrit ce qui suit : «Mes personnages imaginaires m´affectent, me poursuivent(…) Quand j´écrivais l´empoisonnement d´Emma Bovary, j´avais si bien le goût d´arsenic dans la bouche, j´étais si bien empoisonné moi-même que je me suis donné deux indigestions, coup sur coup, très réelles car j´ai vomi tout mon dîner».

C´est très fou, il est vrai. Mais c´est à la fois très beau et génial.

(1)Ce livre est disponible dans la collection de poche«La Cosmopolite»chez Stock.

(2)En écrivant ceci, je ne puis m´empêcher de penser à la polémique suscitée par le polar signé Philippe Doumenc, paru tout récemment, chez Actes - Sud, intitulé Contre-enquête sur la mort d´Emma Bovary, où l´auteur propose une suite au roman de Gustave Flaubert et où Emma Bovary ne se serait pas suicidée, mais aurait été assassinée. Ça ne fait que prouver l´intérêt que la figure éveille encore de nos jours.

samedi 9 octobre 2010

Le prix Nobel de la paix attribué à Liu Xiaobo


On ne peut que saluer le courage du Comité Nobel en attribuant le prix Nobel de la paix à l´ intellectuel dissident chinois Liu Xiaobo.Né en 1955,il se trouve en ce moment en prison,purgeant une peine de onze ans pour le seul fait de réclamer plus de liberté et de démocratie et pour avoir été un des signataires de la Charte 08, inspirée par la Charte 77 de Vaclav Havel et des dissidents tchèques du temps de la guerre froide et du rideau de fer en Europe.
Les autorités chinoises, furieuses devant une telle «hardiesse», ont poussé leur indignité jusqu´à qualifier d´obscène et de blasphématoire la décision du Comité Nobel.
Il faut maintenant que la pression internationale s´intensifie pour que la Chine soit obligée de libérer cet ancien professeur de littérature, critique et écrivain, un homme juste et intègre. Les hypothèses de libération sont, on le sait, très minces et les intérêts économiques se superposant aux principes de justice universelle et aux droits de l´homme, la plupart des gouvernements vont tergiverser devant l´ampleur de leurs relations commerciales avec la Chine. Et pourtant, de par le monde, les voix de la société civile vont crier haut et fort:LIBERTÉ POUR LIU XIAOBO!

jeudi 7 octobre 2010

Prix Nobel de Littérature 2010 décerné à Mario Vargas Llosa


Le moins que l´on puisse dire c´est qu´il était temps! Depuis des années que l´on évoquait le nom de l´écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, né à Arequipa en 1936, pour la consécration suprême. C´est maintenant chose faite, vingt ans après le dernier Nobel en langue espagnole, décerné en 1990 au poète et essayiste mexicain Octavio Paz.
Ses romans mémorables-Conversación en la catedral, La ciudad y los perros, La casa verde,La guerra del fin del mundo, La fiesta del chivo et tant d´autres - ont enchanté des milliers de lecteurs de par le monde. Ses essais, ses pièces de théâtre, ses reportages,au même titre que ses romans, ont assis la réputation de celui que l´on peut considérer sans l´ombre d´un doute comme un des meilleurs écrivains contemporains.
Cette nouvelle ne peut que me réjouir et j´attends déjà impatiemment son prochain roman dont la parution chez Alfaguara est prévue pour le 3 novembre.Il s´intitule El sueño del Celta et il est inspiré par la vie du diplomate d´ origine irlandaise Roger Casement(1864-1916) qui a dénoncé les violations des droits des travailleurs exploités au Congo et au Pérou et a fini condamné à mort pour haute trahison.