Léon Bloy, le
prophète.
«Obtenir enfin le mutisme du Bourgeois, quel rêve ! L´entreprise, je
le sais bien, doit paraître fort insensée. Cependant, je ne désespère pas de la
démontrer d´une exécution facile et même agréable. Le vrai Bourgeois,
c´est-à-dire, l´homme qui ne fait aucun usage de la faculté de penser et qui
vit ou paraît vivre sans avoir été sollicité, un seul jour, par le besoin de
comprendre quoi que ce soit, est nécessairement borné dans son langage à un
très petit nombre de formules. Le répertoire des locutions patrimoniales qui
lui suffisent est extrêmement exigu. Ah !si on était assez béni pour lui
ravir cet humble trésor, un paradisiaque silence tomberait aussitôt sur notre
globe consolé !».
Ce texte est extrait de l´œuvre
Exégèse des Lieux Communs, publiée d´abord en 1901, puis revue en 1913 et écrite
par un des écrivains les plus atypiques que la littérature française ait
enfantés et dont on signalera le 3 novembre prochain le centenaire de la
mort : Léon Bloy. Incompris par son temps, vilipendé par les bien-pensants
de l´époque, Léon Bloy n´a pas manqué de leur rendre la pareille, lui qui par
son éloquence, sa plume où les latinismes n´ont jamais offusqué l´éclat de la
langue française, a invectivé l´hypocrisie et l´outrecuidance des milieux
culturels, politiques et sociaux français. Romancier, nouvelliste, essayiste,
diariste et pamphlétaire, Léon fut un catholique fervent à la recherche de
l´absolu, mais farouchement anticlérical et révolté par le silence de Dieu
devant les méfaits de la société de son temps. Si nombre de ses contemporains
l´ont éreinté et exécré, la postérité lui a donné un certain crédit : son
œuvre eut un ascendant reconnu sur des écrivains comme Georges Bernanos,
Louis-Ferdinand Céline, Ernst Jünger, Jorge Luis Borges ou, plus récemment,
Maurice G. Dantec. De son temps, malgré
tout, il y en avait qui le tenaient en haute estime comme Villiers de
l´Isle-Adam, Catulle Mendès, Remy de Gourmont ou Octave Mirbeau. Ce dernier a
écrit à propos de Léon Bloy : «Il sertit d´or l´excrément ; il monte
des métaux précieux, précieusement ouvrés, la perle noire de la bave. Quand il
en arrive à ce point d´orfèvrerie et de ciselure, l´excrément lui-même devient
un joyau». Remy de Gourmont pour sa part a écrit en 1898 dans le IIe Livre des
Masques : «M. Bloy a un style(…) M. Bloy est un des plus grands créateurs
d´images que la terre ait portés ; cela soutient son œuvre, comme un
rocher soutient de fuyantes terres ; cela donne a sa pensée le relief
d´une chaîne de montagne(…) Le génie de M. Bloy n´est ni religieux, ni
philosophique, ni humain, ni mystique ; le génie de M. Bloy est
théologique et rabelaisien. Ses livres semblent rédigés par saint Thomas
d´Aquin en collaboration avec Gargantua. Ils sont scholastiques et
gigantesques, eucharistiques et scatologiques, idylliques et blasphématoires.
Aucun chrétien ne peut les accepter, mais aucun athée ne peut s´en réjouir».
Deuxième de sept enfants, Léon Bloy naît le 11 juillet 1846 à Notre-Dame de
Sanilhac, près de Périgueux en Dordogne, fils de Jean –Baptiste Bloy,
fonctionnaire des Ponts et Chaussées et franc-maçon et d´Anne-Marie Carreau,
une ardente catholique. Études plutôt médiocres, emploi comme commis de bureau
à la Compagnie Ferroviaire d´Orléans, léger intérêt pour l´architecture,
passion pour la peinture et fréquentation des milieux socialistes
révolutionnaires et anticléricaux marquent son passage de l´adolescence à l´âge
adulte. En 1968, à l´âge de vingt-deux
ans, il fait la connaissance de Jules Barbey d´Aurevilly. C´est pour Léon Bloy
une rencontre déterminante dans sa vie et l´occasion d´une profonde conversion
intellectuelle qui le ramène à la religion catholique –qu´il avait boudée-et le
rapproche des courants traditionalistes. C´est sous l´emprise de Barbey
d´Aurevilly qu´il s´intéresse à la philosophie d´Antoine Blanc de Saint-Bonnet
et d´Ernest Hello. En 1870, il fait la guerre et participe aux opérations de
l´armée de la Loire, une expérience qui lui inspirera en 1893 le livre Sueur de
Sang. De retour à Paris, il entame une carrière de journaliste, écrivain et
pamphlétaire qui lui vaut plein
d´inimitiés. Il vit toujours sous un équilibre instable, les polémiques qu´il
déclenche ne l´aidant pas à mener une vie sereine. C´est après la mort de ses
parents en 1877 qu´il effectue une retraite à la Grande Trappe de Soligny où il
rencontre Anne-Marie Roulé prostituée qu´il recueille et convertit en 1878 et
dont la figure lui inspirera le roman aux contours autobiographiques Le
Désespéré, publié en 1887. La vie de Bloy et d´Anne-Marie se meut en aventure
mystique, pleine de visions, de pressentiments apocalyptiques et plonge dans le
dénuement absolu. C´est à ce moment –là que Bloy fait la connaissance de l´abbé
Tardif de Moidrey qui l´initie à l´exégèse symbolique pendant un séjour à La
Salette. Ce symbolisme, Léon allait l´appliquer à son œuvre, à sa vie et aux
événements analysés sous sa plume. C´est probablement de cette époque que date
Le Symbolisme de l´apparition qui ne sera publié qu´à titre posthume en 1925.
Aussi Bloy sera-t-il associé à certaines idées qui s´expriment dans les
mouvements traditionnels catholiques imprégnés d´une eschatologie inhérente à
l´apparition de la Vierge Marie à La Salette-Fallavaux près de Corps (Isère) en
1846. Entre-temps, Anne –Marie sombre dans la folie et finit
par être internée, en 1882, à l´hôpital Sainte-Anne de Paris.
Le long de sa vie, Léon Bloy écrit beaucoup
pour la presse- Gil Blas, La Plume, Le Chat-Noir-, tient un journal,
écrit deux romans-Le Désespéré, La Femme Pauvre- des nouvelles et des récits-Histoires
désobligeantes et Sueur de sang respectivement-et publie nombre d´essais. En
1890, il se marie à la danoise Johanne Molbech-rencontrée chez le poète et
journaliste François Coppée et convertie par ses soins au catholicisme-, a des
enfants, mais sa vie n´est toujours pas une partie de plaisir. Il se fâche avec
Joris-Karl Huysmans, son ami, qui l´a caricaturé dans son roman Là –Bas(1891). Une
vingtaine d´années plus tard, alors qu´Huysmans est déjà mort, Bloy déblatère
encore contre lui dans l´essai Le Pèlerin de l´Absolu : «Il devint
catholique avec la très pauvre âme et la miséreuse intelligence qu´il avait,
gardant comme un trésor l´épouvantable don de salir tout ce qu´il touchait». Il
tient en piètre estime des auteurs qui ne cessent d´être victimes de ses
invectives comme Alphonse et Léon Daudet, Maurice Barrès, Edmond de Goncourt ou
Paul Bourget. Enfin, les polémiques s´accentuent jusqu´à sa mort à Bourg-La
–Reine, Hauts-de-Seine, le 3 novembre 1917, après une crise cardiaque.
Dans son roman Le Désespéré, d´inspiration autobiographique-qui survient
après l´échec de son pamphlet hebdomadaire Le Pal-, on peut déceler sous le
tamis de la fiction sa philosophie, sa recherche d´absolu et ses imprécations
contre les «digérants» républicains de la «Grande Vermine» des Lettres. Le
héros du roman est Caïn Marchenoir, un catholique impitoyable, révolté par le
silence de Dieu, qui lance des anathèmes contre ses contemporains. Les
intentions de Léon Bloy sont claires. Il les confie à Louis Montchal en
1885 : «Je rêve un roman de misère et de douleur, l´écrasement d´un homme
supérieur par une société médiocre. Tous les imbéciles et tous les infâmes de
ma connaissance y défileront.». Comme le montre si bien Pierre Glaudes dans la
présentation de l´œuvre dans la collection Classiques de
Garnier-Flammarion : « Par le biais de son personnage, Bloy, qui n´a
jamais cessé d´espérer un immense succès de scandale, semble déterminé à
hausser encore le ton, en étrillant d´une main ferme tous ceux qui, depuis les
lendemains de la défaite de 1870, incarnent la réussite ou la compromission
dans «la République des Vaincus». Il souhaite ainsi marteler le message inactuel
d´un pamphlétaire catholique qui s´est fait une gloire de se «rendre
insupportable à (ses) contemporains»».
Néanmoins, si Le Désespéré se solde par un échec du héros Marchenoir et
l´absence- du moins apparente-de Dieu, l´autre roman de Léon Bloy, La Femme Pauvre
(1897), nous donne des raisons d´espérer, ne serait-ce que parce qu´il se
termine avec l´image d´une béatitude que le personnage Clotilde Maréchal
(personnage inspiré à l´auteur par sa relation avec Berthe Dumont) nourrit contre la médiocrité du temps présent.
Elle est au fond une sainte qui ne se mesure pas à l´aune de la logique
terrienne.
Puisqu´il est
souvent question de recherche de l´absolu et du silence de Dieu, ce Dieu tant
adoré que Bloy appelle de tous ses vœux pour le faire sortir de son mutisme, on
ne peut ignorer le rôle de Satan et du Mal en tant qu´idée, le Mal que le
Diable représente. Dans une interprétation originale et moderne de l´œuvre de
Léon Bloy qu´il a exposée dans un article intitulé Léon Bloy ou la fureur de
Dieu, écrit pour l´excellent site Internet Zone Critique en février 2015, Clément
Guarneri a justement rappelé cette réalité. J´en reproduis un extrait qui
illustre on ne peut mieux la lucidité et la pertinence de cette analyse: «« Celui qui ne prie pas le Seigneur prie le Diable » écrivit Léon
Bloy. Cette citation, fraîchement remise au goût du jour par le Pape François,
le jour de son accession au trône de Pierre, est éminemment révélatrice de la
pensée du poète et constitue l’épine dorsale de son itinéraire spirituel. Il
fut, à la suite de Baudelaire, et avant des écrivains comme Georges Bernanos,
Louis-Ferdinand Céline, ou encore Jean-Pierre Martinet, l’un de nos auteurs qui
interrogea le scandale du Mal avec le plus d’à-propos, d’acuité et de justesse,
ne cessant d’intimer que le désespoir, le fatalisme, la haine du beau, le
matérialisme, sont devenus les ressorts de la machinerie diabolique et les
expédients par lesquels Satan agit sur nos vies en annihilant notre
enthousiasme.»
«Ce mot de
Satan, poursuit Clément Guarneri, de malin, que les prêtres même craignent
parfois d’évoquer, de peur du ridicule, est bien loin de ce diablotin affublé
d’une queue et d’un trident, il est au contraire ce « désespoir »,
cet Irrévocable dont parlait justement Baudelaire, celui qui divise et corrompt
l’âme pour l’éloigner de Dieu, par le simulacre, l’idolâtrie, le péché,
l’orgueil, la haine et l’envie ; cet instrument de discorde flattant notre
vanité. Ainsi, non loin d’interroger une notion creuse, Bloy nous invite-t-il à
scruter nos âmes pour en extraire sa noblesse et sa munificence, dans la voie
du dépouillement et de la méditation, par une ascension sans cesse accrue dans
l’Amour de Dieu, fondée sur l’imitation du Christ».
L´extrait par
lequel s´amorce cet article nous prouve que, paraphrasant Jorge Luis Borges,
Léon Bloy, collectionneur de haines, n´a pas exclu la bourgeoisie française
dans son musée bien rempli. Pierre Glaudes, cité plus haut, a vu juste quand il
a écrit que chez Bloy, le bourgeois se définit
par sa bêtise, par sa sentimentalité, par son hypocrisie, par son néant.
Le bourgeois ou les riches tout court. Toujours dans Exégèse des Lieux Communs,
dans le chapitre «Pauvreté n´est pas vice», il dénonce l´hypocrisie des riches
qui tiennent en horreur l´indigence, vue comme une impiété, un blasphème
atroce. Elle l´est en quelque sorte dans l´intolérable scandale de son
existence, mais non pas pour les raisons souvent invoquées par les riches qui dans
leur cynisme affirment «pauvreté n´est pas vice», une assertion qui, on le sait
bien, n´est chez eux qu´une antiphrase. Léon Bloy écrit du haut de sa
clairvoyance : « la pauvreté est l´unique vice, le seul péché, l´exclusive
noirceur, l´irrémissible et très singulière prévarication. C´est bien ainsi que
vous l´entendez, n´est-ce pas précieuses Crapules qui jugez le monde». Plus
loin, il s´écrie :«Ah ! Que l´Évangile est mal compris ! Quand
on lit qu´«il est plus facile à un chameau de passer par le trou d´une aiguille
qu´à un riche d´entrer dans le royaume des cieux», faut-il être aveugle pour ne
pas voir que cette parole n´exclut, en réalité, que le chameau, puisque tous
les riches, sans exception, sont certainement assis sur des chaises d´or dans
le Paradis et que, par conséquent, il leur est tout à fait impossible, en effet,
d´entrer dans un endroit où ils sont installés, déjà, depuis toujours !
C´est affaire aux chameaux d´enfiler des aiguilles devant la porte et de se
débrouiller comme ils pourront. Il n´y a pas lieu de s´en préoccuper autrement».
Dans Histoires
désobligeantes (1894), recueil de nouvelles, la cruauté de la plupart des
histoires est certes ancrée dans l´angoisse religieuse de l´auteur, mais cette
cruauté est aussi celle qui s´exerce parfois aux dépens des exilés de la vie, des
faire-valoir, ceux qui, par leur seule existence, sont en trop et jetables, ceux
dont on peut se débarrasser sans aucune gêne. C´est le cas de l´histoire «Le
vieux de la maison» où Madame Alexandre, propriétaire d´un lieu louche, un
bordel, à vrai dire, peine à se défaire de son père, personnage surnuméraire,
«vieux fricoteur», «vieille ficelle à pot au feu».Imprudemment sorti dans la
rue lors de la Commune, en pleine répression versaillaise, le papa Ferdinand
(ainsi s´appelle «le vieux de la maison») est soupçonné d´être un pétroleur. Sa
sinistre fille en profite pour se
débarrasser de son vieux père. Alors qu´il est déjà à la porte de la maison,
madame Alexandre crie aux soldats de la fenêtre : «Mais fusillez-le donc,
tonnerre de Dieu ! Il était tout à l´heure avec les autres. C´est un sale
communard, c´est un pétroleur qui a essayé de foutre le feu au quartier». Papa
Ferdinand, criblé de balles, tombe sur
le seuil…Sa fille, par contre, sans aucun poids sur sa conscience coule des
jours heureux, pèse quatre cents kilos( !) et lit avec émotion les romans
de Paul Bourget. Ici, on ne peut rester insensible à l´ironie de Bloy non
seulement par le poids (expressément excessif) de la dame, mais aussi par sa
lecture des livres de Paul Bourget, un auteur qu´il a de tout temps avili à telle
enseigne qu´en 1914 il écrira, toujours dans Le Pèlerin de l´Absolu, des propos
tout à fait méprisants sur son confrère : «Ce pauvre Bourget est si
étroitement dénué de personnalité qu´il lui est impossible d´écrire sans
emprunter des formes de Balzac ou de Stendhal».
Malheureusement,
les œuvres de Léon Bloy aujourd´hui n´ont pas beaucoup de lecteurs et encore
suscitent-elles toujours des polémiques, surtout auprès de ceux qui en font des
interprétations abusives. En 2013, le juge des référés de Bobigny sur une
plainte de la Ligue Internationale contre le racisme et l´antisémitisme ordonne
la censure partielle de l´essai de Léon Bloy Le Salut par les Juifs (1). Or,
l´ouvrage, paru en 1892, s´insurge justement contre l´antisémitisme qu´il
qualifie de «crime» et c´était une réponse à l´essai antisémite d´Edouard
Drumont (directeur de La Libre Parole), La France Juive. Bloy estime que
Drumont combat la bourgeoisie juive simplement pour faire triompher la
bourgeoisie catholique. Il ne s´agirait donc que de «substituer au fameux Veau
d´Or un cochon du même métal». L´ouvrage
fut salué par Paul Claudel, Octave Mirbeau, Georges Bernanos, Jorge Luis Borges
et des auteurs juifs comme Franz Kafka, Walter Benjamin ou Emmanuel Levinas. Récemment
l´universitaire israélienne Rachèle Goëtin a reconnu l´importance de cet essai
de Léon Bloy. Un essai sure lequel Franz Kafka a écrit un jour ce qui suit :
«Je connais de Léon Bloy un livre contre l´antisémitisme : Le Salut par
les Juifs. Un chrétien y défend les Juifs comme on défend des parents pauvres.
C´est très intéressant. Et puis, Bloy sait manier l´invective. Ce n´est pas
banal. Il possède une flamme qui rappelle l´ardeur des prophètes. Que dis-je,
il invective beaucoup mieux. Cela s´explique facilement, car sa flamme est
alimentée par tout le fumier de l´époque moderne».
Léon Bloy,
comme nous le rappelle-encore-Pierre Glaudes, cette fois-ci dans l´ouvrage
collectif qu´il a dirigé intitulé Léon Bloy au tournant du siècle (2), fut
«pourfendeur de la bicyclette, de l´automobile et du téléphone «cet
irresponsable véhicule des turpitudes et des sottises contemporaines»,
adversaire acharné de la tour Eiffel qu´il surnommait «La Babel de fer», Léon
Bloy préféra toute sa vie le Fiat Lux de la Genèse aux enchantements de la fée
Électricité : il a bravement traversé son époque entre deux siècles, en
affichant un dédain absolu pour les innovations dont s´enorgueillissent
habituellement les modernes(…)il ne s´est intéressé à son temps que pour chercher
sans relâche à y déceler les signes de l´Apocalypse qu´il attendait(…) En dépit
de (ces) revendications d´anachronisme, Bloy reste un écrivain représentatif de
son temps. Une spiritualité intransigeante et inquiète, une profonde
intelligence du symbole, un imaginaire violent et tourmenté, jusqu´à un
certain fumisme, témoignent de cet
enracinement».
Celui qui fut
surnommé le pèlerin de l´absolu ou le mendiant ingrat (titres empruntés à deux
de ses œuvres), auteur de l´excès et de la démesure, a indiscutablement une place de choix dans
l´histoire littéraire française. Ses imprécations, ses vitupérations étaient
des signes de son indignation devant le désarroi du monde.
La collection
Bouquins –des éditions Robert Laffont- qui avait déjà publié les deux tomes du
Journal de Léon Bloy (1892-1907 et 1907-1917) vient de faire paraître Essais et Pamphlets rassemblant en un seul
volume la quasi –totalité de ses écrits non-fictionnels. C´est tout à l´honneur de cet éditeur.
Néanmoins, une question me taraude l´esprit -dans l´espoir vain que je sois lu
par un autre éditeur-, une question que je ne puis m´empêcher de poser, étant
sûr que d´autres l´auront déjà posée avant moi : à quand Léon Bloy dans La
Pléiade ?
(1)Le fait que
la dernière édition de Salut par les Juifs soit parue chez un éditeur,
Kontre-Kulture, qui fraie avec l´extrême-droite a suscité des amalgames
inutiles.
(2) Pierre
Glaudes et autres, Léon Bloy au tournant du siècle, collection Cribles, Presses
Universitaires du Mirail, Toulouse, France, 1992.