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Féru de littérature française et étrangère, ma plume sévit dans diverses colonnes de journaux, de sites internet pour partager ce goût qui m´anime. Que détracteurs ou admirateurs n´hésitent pas à réagir à mes chroniques.

mercredi 29 mars 2023

Chronique d´avril 2023.

 


Leo Perutz, un maître du jugement dernier.

 

  S´il n´a jamais atteint la réputation de ces grands écrivains que la littérature de langue allemande a enfantés au vingtième siècle comme Franz Kafka, Thomas Mann, Ernst Jünger, Robert Musil et quelques autres, Leo Perutz en est néanmoins un des plus originaux et éclatants. La regrettée Linda Lê a écrit un jour que ce juif de nationalité autrichienne, né à Prague –comme Franz Kafka - le 2 novembre 1882, se voulait, à la manière de Bruegel et de Goya, «un maître du jugement dernier» -titre d´un de ses romans–choisissant l´Apocalypse comme seul sujet, les ruines comme décor naturel, l´autodestruction comme unique moteur de ses héros et l´enfer comme but de leurs errances.   

Fils aîné de Benedikt Perutz, industriel prospère dans le textile, Leonard Perutz, dit Leo Perutz, est issu d´une famille d´ascendance juive-espagnole (peut-être Pérez en espagnol),établie depuis au moins 1730 dans la ville de Rakovnik, en Bohême –Centrale, alors partie intégrante de l´empire austro –hongrois (située aujourd´hui en Tchéquie). Essentiellement laïque, la famille n´attribuait pas une importance primordiale à la religion. Partagé entre sa passion pour la littérature et l´intérêt pour les mathématiques, il a fini dans un premier temps par opter pour cette deuxième voie,quittant à l´âge de 17 ans la ville de Prague pour suivre des études à Vienne, la capitale de l´empire. Quoiqu´il ne soit pas aujourd´hui connu comme mathématicien, il a quand même laissé des traces dans cette science exacte, surtout en tant questatisticien : il a découvert une formule qui porte son nom, employée pendant des années, pour déterminer les taux de mortalité. Il a également publié un traité de bridge fondé sur le calcul des probabilités. En ce sens, il a officié à Trieste dans la compagnie d´assurances italienne Assicurazioni Generali –où Kafka a également travaillé pendant quelques mois dans les bureaux de Prague – en tant qu´actuaire, un professionnel justement spécialiste de l´application du calcul des probabilités et de la statistique aux questions d´assurances, de prévention, de comptabilité et analyse financière associée et de prévoyance sociale. Le mot actuaire provient du latin actuarius signifiant un fonctionnaire qui faisait la tenue des livres comptables dans l´antiquité romaine.

La capitale de l´empire austro-hongrois était à l´époque,à l´instar de Londres, Berlin et surtout Paris, un foyer culturel de haute volée en Europe, à l´avant-garde du monde intellectuel. Dans les traditionnels et cosmopolites cafés viennois, on pouvait côtoyer des noms de la littérature comme Robert Musil ou de la peinture comme Egon Schiele ou Gustav Klimt. Pourtant, la première guerre mondiale –où Leo Perutz, appelé à servir sur le front de l´Est a reçu une balle dans le poumon –a non seulement mis un terme à cette effervescence culturelle, mais a surtout provoqué l´écroulement de l´empire des Habsbourg, une communauté multiculturelle et multiethnique, qui a représenté la fin de tout un monde que Stefan Zweig a excellemment décrit dans son magnifique livre Le monde d´hier. Une fois rétabli, Leo Perutz a passé le reste de la guerre à travailler dans le bureau de presse avant de se marier en 1918.

À cette époque, il avait déjà commencé de se consacrer à sa véritable passion, la littérature pour laquelle –c´est le moins que l´on puisse dire – il était particulièrement doué. Il a fréquenté Franz Kafka, Bertold Brecht, Franz Werfel ou Alexander Lernet-Holenia et quelques noms majeurs de la littérature universelle ont compté parmi ses admirateurs : Jorge Luis Borges, Italo Calvino, Graham Greene, Hermann Broch ou le philosophe Theodor Adorno, entre autres. Borges l´a qualifié de Kafka aventureux et avec Adolfo Bioy Casares l´a sélectionné pour leur collection de livres policiers El Séptimo Círculo (Le Septième Cercle). Robert Musil, pour sa part, l´a tenu pour un des précurseurs de la fiction journalistique.

Pour Linda Lê qui, on l´a déjà vu plus haut, a su décrire l´univers de Leo Perutz, l´ écrivain autrichien a peuplé son enfer de héros négatifs qui ne participent de la vie que, pour en éprouver, sur le mode dérisoire ou sur le mode tragique, l´horreur : «Dans le monde de Perutz, il n´y a pas d´acquittés, seulement des condamnés. Ceux-là prennent deux visages : ou bien, ils jouent les bouffons, offrant leur vie comme divertissement  au démiurge ricanant, à l´exemple de Berl Landfahrer, l´éternel fiancé de la mouise (La nuit sous le pont de pierre) ou du barbier de Paris qui se croit promis à une haute destinée(Turlupin) ; ou bien ils se dressent contre ce Dieu qui «se console des ennuis de l´éternité par l´exercice raffiné de ses vengeances. Leur révolte fait d´eux des réprouvés, des hommes frappés d´un signe d´infamie tel le cavalier suédois, portant au front la marque écarlate du gibet, tel Franz Grumbach, le comte rebelle au visage lacéré (La troisième balle)».

Toujours est-il que dans ses aventures, souvent rocambolesques, l´humour le dispute à l´invraisemblable. Les énigmes et les rebondissements s´enchaînent avec en toile de fond un exotisme tapageur. Les histoires, l´auteur les puise à toutes les sources du riche patrimoine européen, dans des lieux et des temps qui nous paraissent hétéroclites, mais où la grande Histoire est un décor vivant et un élément capital des narrations et où le fantastique naît de l´étrangeté ambiante. Comme l´a écrit Marion van Renterghem dans Le Monde : «Avec Alexander Lernet Holenia, dont il fut le maître et l´ami, avec Kafka, Ernst Weiss ou Gustav Meyrink, l´auteur du Golem, qui furent ses contemporains, Léo Perutz partage le goût pour le rêve et le cauchemar, ou plutôt pour un monde toujours prêt à basculer, avec cette hésitation permanente entre ce qui est logique et ce qui est absurde, entre ce qui est rêvé et ce qui est vécu, entre ce qui est vivant et ce qui est mort, étant entendu que la mort n´est pas là où l´on croit, mais partout». Toujours selon Marion van Renterghem, il faudrait peut-être lire Perutz à l´endroit et à l´envers. À l´endroit, pour le plaisir du suspense, de l´atmosphère envoûtante, et pour trembler. À l´envers, pour voir se déployer à reculons son extraordinaire construction romanesque et repérer tous les indicesqu´il met en place comme on tient un destin, avec le scrupule d´un savant…ou d´un diable.

Son premier livre publié fut La Troisième Balle (1915 ; en allemand Die dritte Kugel). Il s´agit d´une œuvre baroque, savamment construite, où le réel et l´imaginaire se superposent. L´intrigue se déroule au temps de la conquête espagnole en Amérique. À la conquête du trésor des Aztèques, Cortez œuvre sans relâche pour la gloire de Charles Quint. Franz Grumbach, Allemand luthérien, voue, par contre, une haine féroce aux conquistadors et à leurs inquisiteurs. Ilchoisit son camp : ce sera celui du roi Montezuma. Seul ou presque, rebelle sans arme, Grumbach s´en remet au Diable qui le dote d´arquebuse et de trois balles.

Son troisième roman, Le Tour du Cadran (1918, Zwischen neun und neun), fut son premier succès en librairie. Stanislas Demba est étudiant à Vienne. Il dérobe trois livres à la bibliothèque dans le but de les revendre, mais le troisième acheteur, suspicieux, appelle la police. Menotté, Demba s´échappe de justesse en sautant par la fenêtre. Il s´ensuit une errance de vingt-quatre heures au fil desquelles le jeune homme sillonne la ville en quête de secours et d´argent. La police étant toujours à ses trousses, il doit redoubler d´inventivité pour essayer de trouver une issue. Sa quête est pourtant frappée du sceau de la fatalité, symbolisée par l´aiguille du cadran dont le tour sera bientôt effectué. Ce roman a éveillé l´attention du cinéma. Dès 1920, la société M.G.M a acquis les droits d´adaptation, mais sans pour autant réaliser le film. En 1925, Friedrich Wilhelm Murnau a essayé en vain de racheter les droits. Il n´est donc passé qu´indirectement à l´écran : en 1965, Alfred Hitchcock a confié à François Truffaut que c´est Le tour du cadran qui lui avait inspiré la scène des menottes dans The Lodger (Les cheveux d´or, en français).

Le marquis de Bolibar (1920,Der Marques de Bolibar) est le récit d´une autodestruction. Le spectre du marquis de Bolibar – un peu à l´image du roi Duncan du Macbeth de Shakespeare –plane sur la ville de La Bisbal et conduit une poignée d´officiers à causer leur propre perte et à anéantir leur régiment pour l´amour d´une renoncule bleue tatouée sur le sein d´une morte. Avec le marquis-espion comme passeur, nous sommes introduits dans l´arrière –monde où les reprouvés se rangent sous la bannière de l´Antéchrist, où les hommes à la dérive n´ont de choix qu´entre la superstition et un pacte avec le Diable, où la liberté n´engendre que l´autodestruction, où les morts règnent sur les vivants, où les voies du Démon, autant que celles du Seigneur, sont impénétrables.

Dans Le maître du jugement dernier (1923, Der Meister des Jüngsten Tages), tout commence dans la bonne société de Vienne, en 1909. Au cours d´un récital privé, on découvre le corps sans vie du célèbre acteur Eugen Bischoff. Les circonstances de sa mort sont assez mystérieuses. S´agit-il d´un suicide provoqué ou d´un meurtre maquillé ? Un des suspects est le baron von Yosh, un homme calculateur, rêveur, et notoirement amoureux de Dina, l´épouse de Bischoff. Néanmoins, l´enquête menée en secret par Solgrub, membre du petit cercle, bascule dans l´irrationnel. Ce roman peutêtre lu comme une dénonciation du monde moderne qui anesthésie les sentiments violents, endort l´imagination et tue le nerf de la peur.

Dans La neige de Saint-Pierre (1933, St Petri Schnee), livre interdit par le régime nazi en Allemagne, l´intrigue se passe en 1932 où Georg Friedrich Amberg, jeune médecin engagé par le baron von Malchin, quitte Berlin pour le lointain village de Morwede. Sa tâche ne consiste pas à soigner les paysans, elle s´avère bien plus difficile, car, dans le secret de son laboratoire, le baron vient de découvrir la neige de Saint-Pierre, un champignon parasite du blé capable d´agir sur les esprits comme une drogue et dont il compte bien se servir pour restaurer la ferveur religieuse et le Saint Empire romain germanique. Pourtant, la drogue, expérimentée sur les paysans de Morwede et l´entourage du baron, les fera brandir le drapeau d´une toute autre religion. La Neige de Saint-Pierre est le roman de la manipulation et du pouvoir.

Le cavalier suédois (1936, Der schwedische Reiter) est le livre que Leo Perutz considérait lui-même comme son livre le plus réussi. Au tout début du dix-huitième siècle, l´armée suédoise défait les troupes russes de Pierre Le Grand, assurant à son roi, Charles XII, de Suède, l´hégémonie sur la Pologne et le Danemark. Or, il arrive qu´un déserteur, Christian von Tornfeld, d´origine suédoise, et un simple voleur, vont se rencontrer un jour d´hiver dans les plaines de Silésie, non loin de la frontière de Pologne. Christian von Tornfeld, d´origine suédoise, a déserté l´armée polonaise et rêve de rejoindre les rangs de Charles XII. Le voleur, quant à lui, veut échapper à la potence, ainsi qu´aux forges de l´évêché (appelé aussi «l´enfer de l´évêque») un lieu où le gîte est assuré mais où l´on mène une terrible vie de forçat. Tous deux vont trouver refuge dans un moulin abandonné et hanté. Fruit du hasard et du pacte avec un revenant, un plan machiavélique va germer dans l´esprit du voleur qui l´amènera à usurper l´identité de son compagnon d´infortune et devenir de la sorte «le cavalier suédois»…  

En 1938, à la suite de l´Anschluss, Leo Perutz a pris la décision de quitter l´Autriche. D´abord, il a vécu quelque temps à Venise avant de rejoindre son frère en Palestine, encore  sous mandat britannique à l´époque. Il s´est d´abord installé à Tel Aviv où il a repris son métier d´actuaire, mais son adaptation ne se sera pas produite sous les meilleurs auspices. Il éprouvait une énorme nostalgie pour l´Europe cosmopolite de l´empire multiculturel et multiethnique où il avait grandi et qui s´est effritée après la Grande Guerre de 14-18. Anti -nationaliste, on dit il n´était pas non plus à proprement parler un grand enthousiaste du nouvel État d´Israël et qu´il regrettait même l´exode des Arabes de Jérusalem, ville où il avait entre-temps déménagé en raison du climat, plus frais que celui de Tel Aviv. 

En 1951, il a récupéré la nationalité autrichienne et la famille a passé le plus clair de son temps entre l´Autriche et le Proche –Orient. En 1953, il a publié son premier livre après l´exil de 1938, La nuit sous le pont de pierre (Nachts unter der steinernen Brücke). C´est à Bad Ischl, une station thermale du sud de la Haute-Autriche, près de Salzbourg, que Leo Perutzs´est éteint le 25 août 1957. En 1959, fut publié à titre posthume le roman Le Judas de Léonard (Der Judas des Leonardo).

Auteur –culte, autrichien et peut-être même de ce fait européen et cosmopolite, Leo Perutz reste un écrivain à découvrir. Jean-Pierre Sicre, fondateur des éditions Phébus, a donné une définition du roman La Neige de Saint-Pierre qui pourrait s´appliquer en quelque sorte à toute l´œuvre de Leo Perutz : «Le souvenir de l´issue finale éclaire d´un jour neuf tel passage apparemment anodin, tel geste d´abord inaperçu, telle parole à laquelle on n´avait guère prêté attention et qui se relèvent au bout du compte comme les pièces essentielles d´un puzzle diabolique. Comme si l´auteur cherchait à nous faire entendre entre les lignes qu´une vie ne peut jamais être déchiffrée qu´à la seule lumière de la «fin de partie» qui en aimante tout le cours d´une façon invisible».   

 

P.S- Les principaux titres de Leo Perutz sont presque tous disponibles en français en édition de poche, surtout aux éditions Zulma et Le Livre de Poche. Les traducteurs sont, selon le livre et l´éditeur, Jean- Claude Capèle ou Odon Niox Château. Malheureusement, Le Tour du Cadran, traduit par Jean-Jacques Pollet et publié en 2012 dans la collection Titres (Christian Bourgois), n´est plus disponible.    

 

 

vendredi 24 mars 2023

Article pour Le Petit Journal Lisbonne.

 Vous pouvez lire sur l´édition Lisbonne du Petit Journal ma chronique sur le roman L´Allemand de ma mère de Catherine Clément, publié aux éditions du Seuil:

https://lepetitjournal.com/lisbonne/a-voir-a-faire/livre-allemand-de-ma-mere-roman-catherine-clement-358527





mardi 21 mars 2023

La mort de Dubravka Ugresic.

 


L'écrivaine croate Dubravka Ugresic, une des essayistes les plus marquantes d'Europe, est décédée vendredi à l'âge de 73 ans aux Pays-Bas où elle vivait depuis les années 1990, a annoncé son éditeur à Zagreb.

L'oeuvre de Dubravka Ugresic, née le 27 mars 1949 à Kutina, en Croatie, était marquée par une rare combinaison d'ironie, de polémique et de compassion, qu'on retrouve notamment dans ses écrits sur la chute du mur de Berlin en 1989 et la désintégration de la Yougoslavie dans les années 1990.

Dans son pays d'origine, elle était principalement connue pour sa critique du nationalisme et des guerres qui ont éclaté lorsque la Yougoslavie s'est déchirée.

Les livres de Dubravka Ugresic ont été traduits dans plus de 20 langues et elle a remporté de nombreux prix pour ses écrits, dont le Prix international de littérature Neustadt 2016.

Elle a également été finaliste du prestigieux Man Booker International Prize en 2009. Après avoir reçu le prix du meilleur roman en Croatie en 2018 - son premier depuis son départ en 1993 - elle avait dans une interview appelé à plus de multiculturalisme.

"Je crois qu'un Etat post-national, transnational et interculturel est ce qui convient le mieux à mon tempérament, mon style de vie, mes convictions intellectuelles et idéologiques", avait-elle déclaré au portail internet Tportal.

 

samedi 18 mars 2023

La mort de Jorge Edwards.

 


On vient d´apprendre la mort ce vendredi, à Madrid, du grand écrivain chilien Jorge Edwards, né le 29 juin 1931 à Santiago. Il a été couronné du prix National chilien de Littérature en 1994 et surtout du prix Cervantès, le plus important des lettres hispaniques, en 1999.

Jorge Edwards fut également diplomate, secrétaire de Pablo Neruda -à qui il a consacré le brillant essai Adiós poeta- et ambassadeur du Chili à Paris. En 1971, il a été nommé par le gouvernement de Salvador Allende chargé d´affaires à Cuba où il fut d´une certaine façon considéré comme persona non grata par le régime castriste et poussé donc à partir avant la date prévue.  En 1973, il a publié l´essai justement intitulé Persona Non Grata, une critique du régime cubain et de ses dérives dictatoriales. Proche de la gauche jusqu´alors, Jorge Edwards fut durement critiqué  par ses anciens amis qui ne lui ont pas pardonné cet écart avec l´orthodoxie révolutionnaire.  

Vous pouvez lire dans les archives de 2011 de ce blog une chronique que j´ai consacrée à Jorge Edwards à propos de son livre La muerte de Montaigne.  

Son oeuvre est traduite dans plusieurs langues dont le français.     

lundi 13 mars 2023

La mort de Kenzaburo Oé.



Né le 31 janvier 1935, à Uchico, Ehime, Shikoku, l´écrivain japonais Kenzaburo Oé est mort le 3 mars dernier, à l´âge de 88 ans, a annoncé ce lundi la maison d´édition Kodansha.

Prix Nobel de Littérature en 1994, Kenzaburo Oé dénonçait inlassablement dans son œuvre la violence infligée aux faibles et s'élevait contre le conformisme de la société moderne nippone. Il était aussi un ardent défenseur de la cause antinucléaire et de la Constitution pacifiste de son pays. Ses Notes de Hiroshima (1965) sont un recueil de témoignages poignants de victimes du 6 août 1945. Puis dans ses Notes d'Okinawa (1970), il s'intéresse au sort tragique de ce petit archipel périphérique du Japon, qui ne sera rétrocédé par les États-Unis qu'en 1972. En 1994, l´Académie Suédoise consacre celui «qui avec une grande force poétique crée un monde imaginaire où la vie et le mythe se condensent pour former un tableau déroutant de la fragile situation humaine actuelle».