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Féru de littérature française et étrangère, ma plume sévit dans diverses colonnes de journaux, de sites internet pour partager ce goût qui m´anime. Que détracteurs ou admirateurs n´hésitent pas à réagir à mes chroniques.

jeudi 28 juillet 2011

La mort d´Agota Kristof




On vient d´apprendre la mort, ce mercredi 27 juillet, à Neuchâtel, de l´écrivain suisse d´expression française et d´origine hongroise Agota Kristof, à l´âge de 75 ans. En guise d´hommage à cette grande dame des lettres suisses que j´admirais énormément, je reproduis ici un article que j´avais écrit il y a cinq ans pour le site de la Nouvelle Librairie Française de Lisbonne sur son livre C´est égal.

«Une certaine presse littéraire a élu comme ses coqueluches des femmes prétendument «libérées» qui enfantent des écrits versant le plus souvent dans la pornographie la plus bornée. Pendant ce temps, d´autres écrivaines, applaudies par la critique la plus sérieuse, poursuivent tranquillement leur métier, réconfortées, au fil des ans, par un nombre peut-être restreint mais néanmoins fidèle de lecteurs. Parmi ce dernier groupe, se trouve indiscutablement Agota Kristof, un des meilleurs écrivains contemporains de langue française, qui vit en Suisse depuis cinquante ans. En effet, en 1956, elle a dû fuir son pays, la Hongrie (où elle a vu le jour en 1935, dans la ville de Csikvand), après l´échec de la révolte contre la mainmise des communistes sur l´appareil d´État, un échec qui avait sonné le glas des espoirs démocratiques de transformation du régime.

Les premiers temps ont été particulièrement durs pour une jeune femme qui, ayant élu domicile à Neuchâtel, n´avait, à l´époque, que des connaissances très rudimentaires de la langue française. Elle a travaillé dans une usine et fait d´autres petits boulots avant de commencer à griffonner de petits textes dans la langue de son exil. Quelques années plus tard, elle s´imposait dans les milieux littéraires de la Suisse romande, d´abord comme dramaturge, puis en tant que romancière grâce à une trilogie à facettes multiples où se mêlent, sans qu´on puisse toujours les distinguer, fiction, réalité et mensonge, et qui décrit l´histoire de deux frères. Les romans composant cette «trilogie des jumeaux» sont Le Grand Cahier (1986), récompensé par le prix européen de l´Adelf (Association des écrivains de langue française), La Preuve (1988) et Le troisième mensonge (1992), couronné du prix du Livre Inter. Ils sont tous disponibles, soit en poche, soit en grand format, ou encore en un seul volume relié, toujours chez son éditeur français,Le Seuil.

Son dernier livre, C´est égal,un recueil de nouvelles, publié en grand format en janvier 2005, vient d´être réédité en poche dans la collection Points. Ce sont de petites histoires-parfois de petits riens-sur l´absurde, le désarroi et la banalité du quotidien, d´une élégante sobriété et d´une subtilité déconcertante.

Dans la première histoire, «La hache», une femme s´étonne que son mari se soit fendu le crâne en tombant de son lit sur une hache.

Dans la deuxième, «Un train pour le Nord», un homme est changé en statue au moment où il embrasse son chien pour la dernière fois.

Dans «La Boîte aux lettres», un homme, élevé dans un orphelinat, reçoit finalement, après trente ans d´attente, une lettre de son père qui, s´excusant de n´avoir pu le reconnaître au moment de sa naissance (puisqu´il avait une autre famille), lui confie, à présent, la direction de ses affaires, étant donné qu´il n´a eu que des filles, de son mariage, et que ses gendres sont des incapables.

Enfin, dans une autre histoire, «Le cambrioleur», celui qui donne le titre à la courte nouvelle, affirme que le lendemain, quand la victime du cambriolage se réveillera, rien ne lui manquera. Rien qu´un jour de sa vie…

Ce sont, au total, vingt-cinq courts récits, entre la fable et le cauchemar, comme nous l´annonce l´éditeur, qui vous procureront, à coup sûr, un prodigieux bonheur de lecture.»

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