Grâce à l´amabilité de Mme Monique Jutrin, présidente de la Société d´études Benjamin Fondane, j´ai
récemment reçu le numéro 22 des Cahiers Benjamin Fondane. Le moins que l´on
puisse dire c´est qu´il s´agit d´un remarquable travail de divulgation de
l´œuvre du poète, essayiste et philosophe franco-roumain Benjamin Fondane
(1898-1944) que j´ai évoqué dans ma chronique de janvier à propos de la
parution en septembre 2018 aux Editions de l´Éclat- magnifique maison d´édition
parisienne dirigée par Michel Valensi, au catalogue trié sur le volet- du
recueil de textes (écrits en français ou encore en roumain dans sa jeunesse) de
l´auteur, intitulé Devant l´Histoire. Les textes ont été rassemblés et
présentés par Mme Monique Jutrin qui dirige aussi donc ces Cahiers Benjamin
Fondane de périodicité annuelle.
Tous les numéros de ces Cahiers ont un dossier sur un sujet spécifique
autour de l´œuvre de Benjamin Fondane. Dans ce numéro de 2019 – dédié à la
mémoire de Charlotte Wardi, Anne Quesemand et Roxana Sorescu, anciennes
collaboratrices récemment disparues- le dossier s´intitule : «Pourquoi
l´art ? Chimériques esthétiques».
Le dossier est riche et varié. Je ne vais pas à proprement parler vous énumérer
tout le contenu de ce Cahier, mais je ne puis m´empêcher de mettre en exergue
quelques aspects parmi ceux qui m´ont le plus frappé. Ainsi, deux brillants
essais, l´un d´Agnès Lhermitte et l´autre de Vincent Gogibu sur l´influence de
la pensée philosophique et critique de Remy de Gourmont (1858-1915) sur le
jeune Benjamin Fondane. Cette influence s´est exercée surtout à travers la
lecture du Mercure de France qui parvenait en Roumanie grâce à l´étendue de son
admirable réseau de distribution. Curieusement-comme le souligne Vincent
Gogibu-, il n´est pas anodin de trouver sous la plume de Fondane conjointement
réunis les noms de Gourmont et de Gide alors que le futur Prix Nobel de
Littérature s´est évertué à déprécier Gourmont, considérant comme un tant soit
peu paternaliste le regard qu´il lui portait. Néanmoins, si Fondane a fait
siennes la pensée et l´œuvre de Gourmont, il s´en est un peu détaché par la
suite. En effet, la pensée de Fondane, comme nous le rappelle Vincent Gogibu,
transcende et dépasse l´idéalisme gourmontien.
On apprend aussi en lisant ce Cahier la découverte d´une correspondance
inédite avec Jean Paulhan qui fait état, par exemple, d´une invitation adressée
à Benjamin Fondane pour assumer la chronique de cinéma à la Nouvelle Revue
Française. Dans le domaine du cinéma, on trouve aussi dans cette revue un essai
de Carmen Oszi sur la genèse de Rapt, une adaptation du roman La Séparation des
Races de l´écrivain suisse Charles-Ferdinand Ramuz, œuvre conjuguée de Fondane,
auteur du scénario et de Dimitri Kirsanoff, metteur en scène. Par contre, côté théâtre, nous avons droit à
une petite sotie de Jean Dhombres sur l´opposition théâtrale entre Fondane et
Paul Valéry. Très intéressante également est la contribution de Margaret Teboul
qui écrit sur les années 1933-1937 pour Benjamin Fondane et sur Fondane et
Hegel. Enfin, Alice Gonzi écrit sur la présence de Léon Chestov et de Nietzsche
dans l´œuvre de Fondane.
Ces Cahiers ont également des rubriques importantes dont les Notes, les
Informations et la Bibliographie Sélective.
Je vous conseille aussi de consulter le site des Cahiers Benjamin Fondane
(https : //www.benjaminfondane.com/)où vous pourrez trouver tous les
renseignements concernant ces Cahiers et l´acquisition de ce numéro.
Ces Cahiers Benjamin Fondane –et la Société d´études Benjamin Fondane(qui organisera du 13 au 19 août sa dix-neuvième rencontre de Peyresq, dans le département des Alpes de Haute Provence) -
préservent on ne peut mieux la mémoire et l´œuvre de ce grand écrivain du
vingtième siècle.
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