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Féru de littérature française et étrangère, ma plume sévit dans diverses colonnes de journaux, de sites internet pour partager ce goût qui m´anime. Que détracteurs ou admirateurs n´hésitent pas à réagir à mes chroniques.

lundi 11 août 2014

La mort de Simon Leys



Une triste nouvelle m´a surpris cet après-midi: le décès de l´écrivain Simon Leys, nom de plume de Pierre Ryckmans, né à Bruxelles le 28 septembre 1935 et mort donc aujourd´hui à Canberra en Australie où il vivait depuis longtemps. Essayiste, traducteur,critique littéraire  et prestigieux sinologue, il a nous a laissé nombre d´oeuvres de référence, comme Les Habits neufs du Président Mao; Essais sur la Chine;Protée et autres essais(Prix Renaudot de l´Essai, 2001);L´ange et le cachalot; Orwell ou l´horreur de la politique;La mer dans la littérature française(2 tomes);Studio de l´Inutilité(son dernier livre, publié en 2012)et La mort de Napoléon, une uchronie autour du décès de l´empereur français.C ´est justement sur ce livre, reparu en 2005, et sur un autre(inédit), paru la même année, que j´ai écrit quelques lignes pour le site de la Nouvelle Librairie Française de Lisbonne, en mai 2006. Ce texte- qui n´est plus en ligne-je le reproduis ici pour vous, chers lecteurs:

«En 1971 paraissait, sous la plume d´un jeune sinologue, né en 1935 en Belgique, un livre qui s´intitulait Les habits neufs du président Mao, une chronique de la révolution culturelle chinoise à contre-courant de l´orientation pro-maoïste de la plupart des intellectuels européens de gauche, notamment français, de l´époque. Il faut rappeler que mai 68 était encore trop présent dans les esprits et que le dénouement du Printemps de Prague, écrasé par les chars du Pacte de Varsovie, avait mis fin à toute illusion de rénovation du modèle soviétique. Flairant, dès avant la parution de l´ouvrage, le tollé qu´il ne manquerait pas de susciter, l´éditeur parisien, Champ Libre, a conseillé à l´auteur, Pierre Ryckmans, de se choisir un pseudonyme. Sinologue et épris de culture orientale, il a opté pour le nom sous lequel il signe, depuis lors, tous ses livres : Simon Leys, en hommage au héros du roman René Leys, écrit par un grand voyageur français en Orient, Victor Segalen.
Aujourd´hui, Simon Leys est un écrivain dont la réputation ne souffre pas l´ombre d´une contestation. Couronnées de nombreux prix littéraires, ses oeuvres font l´objet des commentaires les plus élogieux, non seulement dans les pays francophones, mais aussi dans le monde anglophone, une situation à laquelle ne serait pas étranger le fait que l´auteur est, depuis des années, professeur universitaire en Australie. Il tient d´ailleurs une chronique mensuelle dans Le magazine littéraire , intitulée «Lettre des antipodes». Parmi ses oeuvres de référence, nous nous permettons de relever Protée et autres essais , prix Renaudot essai 2001, Les naufragés du Batavia , récit sur le naufrage en 1629 de la gloire de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, et une admirable anthologie, La Mer dans la littérature française.
Les éditions Plon ont publié, à la fin de l´année dernière, deux nouveaux livres de Simon Leys : La mort de Napoléon et Les idées des autres .
Pour le premier, il s´agit, plutôt, d´une réédition d´un roman, paru en 1986, le seul écrit, à ce jour, par l´auteur. Cette Mort de Napoléon est une fiction, un tant soit peu parodique. Imaginons que Napoléon Bonaparte ne serait pas mort en 1821 à Saint-Hélène, mais aurait réussi à s´échapper et à regagner la France, laissant un sosie à sa place, celui qui aurait véritablement trépassé. Voyageant incognito à travers l´Europe, sous un accoutrement qui le rendait méconnaissable, revisitant les lieux où il avait livré quelques-unes de ses batailles, Napoléon vit une foule de péripéties jusqu´à s´éteindre, enfin, sans avoir pu accomplir son but : reprendre le pouvoir.
Ce roman, à l´allure de conte philosophique, fut internationalement salué, notamment par des auteurs comme Edna O´Brien, Julian Barnes et la très regrettée Susan Sontag.
Dans Les idées des autres , Simon Leys a compilé un intéressant florilège de citations d´auteurs de toutes les époques et de toutes les latitudes, soit en version originale (avec la traduction en français) soit dans la langue où il les a découvertes (surtout le français ou l´anglais), étant donné qu´il ne maîtrise pas toutes les langues, bien entendu.
   Ce sont des citations, sur des sujets aussi divers que la mer («La mer, cette patrie qui voyage avec nous...» de Chateaubriand), les best-sellers («Tout le monde ne tend à lire que ce que tout le monde aurait pu écrire» de Paul Valéry), l´imitation («Imature poets imitate, mature poets steal» (Les poètes immatures imitent, les poètes accomplis volent) de T.S.Eliot) ou le tabac, entre autres («Insanity has grown more frequent since smoking has gone out of fashion» (L´insanité est devenue plus fréquente depuis que les gens ont perdu l´habitude de fumer) de Samuel Johnson). Une citation, cette dernière, qui n´est pas du tout dans l´esprit de notre temps...»
La mort de Napoléon de Simon Leys . Plon .Paris, 2005.16,80 euros.


Les idées des autres : pour l'amusement des lecteurs oisifs de Simon Leys . Plon . Paris,2005.16,80 euros.



P.S-Malheureusement, un de ces livres-La mort de Napoléon-est, paraît-il, épuisé.

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